Extrait de Pieds nus sur la terre sacrée :
Nous aimons la tranquillité ; nous laissons la souris jouer en paix ; quand les bois frémissent sous le vent, nous n’avons pas peur. « ( chef indien au gouverneur de Pennsylvanie,en 1796)
Avant de mourir, en 1871 Tu-eka-kas, le père de chef Joseph des Nez percés, qui raconte ainsi sa mort :
Mon père m’a fait appeler. J’ai vu qu’il allait mourir. J’ai pris sa main dans la mienne. Il dit : « Mon fils, mon corps va retourner à ma mère la terre, et mon esprit va bientôt voir le Chef Grand Esprit. Quand je serai parti, pense à ton pays. Tu es le chef de ce peuple. Il attendent de toi que tu les guides. Souviens-toi toujours que ton père n’a jamais vendu son pays. Tu te boucheras les oreilles quand on te demandera de signer un traité vendant ta terre. Encore quelques années et l’homme blanc sera là. Ils ont les yeux sur ce pays. N’oublie jamais, fils, mes paroles de mourant. Cette terre renferme le corps de ton père. Ne vends jamais les os de ton père et de ta mère. » (…) Je l’ai enterré dans cette belle vallée où l’eau serpente. J’aime cette terre plus que le reste du monde. Un homme qui n’aimerait pas la tombe de son père est pire qu’un animal sauvage.
Propos du chef des Blackfeet du nord, pressé pa rles d&gués de Etats-unis de signe rune de spremières conventions territoriales de cette régiond ela milk river : il répondit par une fin e non recevoir, dédaigant les compensatios finacières des blancs. ( début XIX)
Notre terre vaut mieux que l’argent. Elle sera toujours là. Elle ne périra pas, même dans les flammes d’un feu. Aussi longtemps que le soleil brillera et que l’eau coulera, cette terre sera ici pour donner vie aux hommes et aux animaux. Nous ne pouvons vendre la vie des hommes et des animaux ; c’est pourquoi nous ne pouvons vendre cette terre. Elle fut placée ici par le Grand Esprit et nous ne pouvons la vendre parce qu’elle ne nous appartient pas. Vous pouvez compter votre argent et le brûler dans le crâme d’un bison, parce que le seul le grand esprit peut compter les grains de sable et les brins d’hebre de ces plaines. Tout ce que nous avons et que vous pouvez emporter, nous vous le donnerons, mais la terre, jamais.
Pieds nus sur la terre sacrée, p 59
Ohiseya, Santee Dakota, écrivain et médecin, décrit en 1911 la manière dont son peuple prie.
Dans la vie d’un indien, il n’y a qu’un devoir inévitable, le devoir de prière, la reconnaissance quotidienne de l’Invisible et de l’Eternel. Ses dévotions quotidiennes lui sont plus nécessaires que la nourriture de chaque jour. Il se lève au petit jour, chausse ses mocassins et descend à la rivière. Il s’asperge le visage d’eau froide ou s’y plonge entièrement. Après le bain, il reste dressé devant l’aube qui avance, face au soleil qui danse sur l’horizon, et offre sa prière muette.
Id p 42
La vie dans un tipi est bien meilleure ; il est toujours propre, chaud en hiver, frais en été, facile à déplacer. L’homme blanc construit une grande maison qui coûte beaucoup d’argent, ressemble à une grande cage, ne laisse pas entrer le soleil et ne peut être déplacée ; elle est toujours malsaine. Les indiens et les animaux savent mieux vivre que l’homme blanc, personne ne peut être en bonne santé sans avoir en permanence de l’air frais, du soleil, de la bonne eau. Si le Grand Esprit avait voulu que les hommes restassent dans un endroit, il aurait fait le monde immobile ; mais il a fait qu’il change toujours, afin que les hommes et les animaux puissent se déplacer et trouver toujours de l’herbe verte et des baies mûres.
Id , p 70
http://www.en-noir-et-blanc.com/indiens-d-amerique-p1-241.html
Agonie
Nous disparaissons de la terre, pourtant je n’arrive pas à croire que nous sommes devenus inutiles, sinon Usen ( nom apache pour Dieu) ne nous aurait pas créés.
Id, p149
Paul Valéry, Variété II, 1930
L’on créa donc assez souvent, pour instrument de la satire, un Turc, un Persan, quelquefois un Polynésien ; et quelquefois encore, pour changer le jeu et prendre sa référence jusqu’à mi-chemin de l’infini, -un habitant de Saturne ou de Sirius, un Micromégas ; parfois un ange. Et tantôt c’était la seule ignorance ou la seule étrangeté de ce visiteur inventé qui formait le ressort de ses étonnements et le rendait ultra-sensible à ce que l’habitude nous dérobe ; et d’autres fois on le douait d’une sagacité, d’une science et d’une pénétration surhumaines que ce fantôche faisait peu à peu paraître par des questions et des remarques d’une simplicté écrasante et narquoise.
Entrer chez des gens pour dénoncer leurs idées, leur faire la surprise d’être surpris de ce qu’ils font, de ce qu’ils pensent, et qu’ils n’ont jamais conçu différent, c’est au moyen de l’ingénuité feinte ou réelle, donner à ressentir toute la relativité d’une civilisation, d’une confiance habituelle dans l’ordre établi… c’est ussi prophétiser le retour à quelque désordre ; et même faire un peu plus que le prédire. ( 914)
Freud, considérations actuelles sur la guerre et la mort, 1915
Entraînés dans le tourbillon de ce temps de guerre 1, insuffisamment renseignés, sans un recul suffisant pour porter un jugement sur les grands changements qui se sont déjà accomplis ou sont en voie de s'accomplir, sans échappée sur l'avenir qui se prépare, nous sommes incapables de comprendre la signification exacte des impressions qui nous assaillent ( …) Il nous semble que jamais un événement n'a détruit autant de patrimoine précieux, commun à l'humanité, n'a porté un tel trouble dans les intelligences les plus claires, n'a aussi profondément abaissé ce qui était élevé. La science elle-même a perdu sa sereine impartialité ; ses serviteurs, exaspérés au plus haut degré, lui empruntent des armes, afin de pouvoir contribuer, à leur tour, à terrasser l'ennemi. L'anthropologiste cherche à prouver que l'adversaire appartient à une raceinférieure et dégénérée ; le psychiatre diagnostique chez lui des troubles intellectuels et psychiques.
Ou
(Extrait de la 5° partie de "Malaise dans la civilisation)
"Dans certaines circonstances favorables en revanche, quand par exemple les forces
morales qui s'opposaient à ses manifestations et jusque-là les
inhibaient, ont été mises hors d'action, l'agressivité se manifeste aussi
de façon spontanée, démasque sous l'homme la bête sauvage qui perd
alors tout égard pour sa propre espèce. Quiconque évoquera dans sa
mémoire les horreurs des grandes migrations des peuples, ou de
l'invasion des Huns ; celles commises par les fameux Mongols de
Gengis Khan ou de Tamerlan, ou celles que déclencha la prise de
Jérusalem par les pieux croisés, sans oublier enfin celles de la dernière
guerre mondiale, devra s'incliner devant notre conception et en
reconnaître le bien-fondé."