extrait du BO :

L’amplitude chronologique des parcours associés est dé nie par les bornesde l’objet d’étude, sauf quand leur intitulé en précise la portée. Le parcours contribue ainsi
« à situer [l’œuvre] dans son contexte historique et générique ». Le parcours est étroitement
lié à l’œuvre étudiée : l’un et l’autre tendent à s’éclairer mutuellement. Tissant un jeu d’échos et construisant au l des lectures des repères essentiels, le parcours permet une meilleure compréhension de l’œuvre et une étude plus ef cace de ses enjeux les plus importants.

Parcours associé : passion et tragédie du XVIIe au XXIe s 

1.  le Cid de Corneille, 1636

Monologue de Don Rodrigue (Acte I, scène 6)

 Don Rodrigue
Percé jusques au fond du cœur
D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d’une juste querelle,
Et malheureux objet d’une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène !

Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse :
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?

Père, maîtresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L’un me rend malheureux, l’autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d’une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui causes ma peine,
M’es-tu donné pour venger mon honneur ?
M’es-tu donné pour perdre ma Chimène ?

Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père :
J’attire en me vengeant sa haine et sa colère ;
J’attire ses mépris en ne me vengeant pas.
À mon plus doux espoir l’un me rend infidèle,
Et l’autre indigne d’elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir ;
Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu’il faut mourir,
Mourons du moins sans offenser Chimène.

Mourir sans tirer ma raison !
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire !
Endurer que l’Espagne impute à ma mémoire
D’avoir mal soutenu l’honneur de ma maison !
Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N’écoutons plus ce penser suborneur,
Qui ne sert qu’à ma peine.
Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur,
Puisqu’après tout il faut perdre Chimène.

Oui, mon esprit s’était déçu.
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse :
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.
Je m’accuse déjà de trop de négligence :
Courons à la vengeance ;
Et tout honteux d’avoir tant balancé,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu’aujourd’hui mon père est l’offensé,
Si l’offenseur est père de Chimène.

comparaison avec la tirade d'Hippolyte de Phèdre, de Racine I, 1 : 

Alors qu'Hippolyte a renoncé à l'acte épique et s'adonne tout entier à l'amour, Rodrigue, après avoir balancé entre honneur et amour, raison et passion, devoir et sentiment, choisit l'honneur. Alors que Rodrigue préfère l'honneur familial à la passion personnelle, c'est l'inverse chez Hippolyte : il préfère partir avec Aricie, l'ennemie du trône et de son père.Dans la seconde moitié du XVIIe s, on n'obéit plus aux pères comme dans la première moitié. Les stades de Rodrigue sont représentatifs de la première moitié du XVIIe siècle où l'honneur aristocratique est encore mis en avant, alors que la seconde partie du XVII, les aristocrates,  jugulés à la cour de Versailles, n'ont plus qu'à être des pantins de cour. Ceci est renforcé par le jansénisme pessimiste de Racine. Les tragédies de Racine signent la fin de la geste épique et donnent toute leur place à la déchéance tragique.  

 

Groupement associé : des extraits de Morales du grand siècle, de Paul Bénichou, résumés dans le site suivant : 

https://medium.com/@absalom/racine-par-p-b%C3%A9nichou-morales-du-grand-si%C3%A8cle-31de259eeb15

I. La rupture racinienne : une nouvelle psychologie de l’amour.

Le tournant, c’est Andromaque. A partir de cette pièce, Racine va introduire une « psychologie de l’amour […] qui est, dans son théâtre, l’élément le plus ouvertement et le plus violemment contraire à la tradition » (p. 181). Alors que l’amour dans la tragédie classique restait marquée par l’idéal courtois et chevaleresque, Racine introduit « un amour violent et meurtrier, contraire en tous points aux habitudes courtoises». L’amour ne se confond plus avec le dévouement :

« c’est un désir jaloux, avide, s’attachant à l’être aimé comme à une proie ; ce n’est plus un culte rendu à la personne idéale, en qui résident toutes les valeurs de la vie» (p. 182).

L’amour non partagé dégénère rapidement en agressivité, jusqu’à aboutir à de la haine. «L’équivalence de l’amour et de la haine, nés sans cesse l’un de l’autre, cet axiome qui est la négation même du dévouement chevaleresque, est au centre de la psychologie racinienne de l’amour » (idem).

 

De la violence à lucidité

« Après Andromaque, Racine semble avoir préféré de plus en plus une peinture d’une déchéance lucide, qui se contemple elle-même avec désespoir et se sait sans remède » (p. 188). La lamentation tragique, qui existe depuis l’Antiquité jusqu’à Corneille, change alors de sens : elle est «transposée de l’ordre de la fatalité extérieure à celui de la fatalité passionnelle, et surchargée des angoisses du remords et du mépris de soi » (p. 189). La lamentation n’est pas stoïque, c’est un « aveu radical de misère» (idem).

Cf. Phèdre I,3 :

«Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ;

Athènes me montra mon superbe ennemi… ».

Dans la plupart des cas, « l’instinct de destruction qui accompagne l’amour chez les personnages de Racine ne les épargne pas eux-mêmes » (p. 184–5). Le suicide est souvent l’issue. Ce trait révèle l’anthropologie qui sous-tend le théâtre racinien : « la passion brutale et possessive […] en même temps qu’elle se meut dans les limites de la nature, est impuissante à y trouver son aliment et son équilibre» (p. 185).

Chez Racine, l’orgueil n’est plus, comme auparavant, exaltant :

« C’est une blessure du moi à laquelle on pense toujours sans pouvoir la fermer ; les pensées d’orgueil sont là pour entretenir, au moyen d’une honte cruelle et qui ne peut plus s’oublier que dans la violence, le sentiment de la déchéance. L’orgueil n’est plus l’aiguillon de l’honneur, mais la mesure du déshonneur » (p. 192).

2. Electre, de Crébillon père, 1708

 

O R E S T E. (Electre Acte V, fin de la pièce, Crébillon père)
Laisse-moi :
Je ne veux rien, cruel, d’Électre ni de toi :
Votre cœur, affamé de sang & de victimes, 
M’a fait souiller ma main du plus affreux des crimes…
Mais quoi ! Quelle vapeur vient obscurcir les airs ?
Grâce au ciel, on m’entr’ouvre un chemin aux Enfers :
Descendons, les Enfers n’ont rien qui m’épouvante ;
Suivons le noir sentier que le sort me présente ;
Cachons-nous dans l’horreur de l’éternelle nuit.
Quelle triste clarté dans ce moment me luit ?

Qui ramène le jour dans ces retraites sombres ?
Que vois-je ? Mon aspect épouvante les ombres ?
Que de gémissements ! Que de cris douloureux !
« Oreste ! » Qui m’appelle en ce séjour affreux ?
Égisthe ! Ah ! C’en est trop, il faut qu’à ma colère…
Que vois-je ? Dans ses mains la tête de ma mère !
Quels regards ! Où fuirai-je ? Ah ! Monstre furieux, 
Quel spectacle oses-tu présenter à mes yeux ?
Je ne souffre que trop ; monstre cruel, arrête ;
À mes yeux effrayés dérobe cette tête.
Ah ! Ma mère, épargnez votre malheureux fils ;
Ombre d’Agamemnon, sois sensible à mes cris ;
J’implore ton secours, chère ombre de mon père ;
Viens défendre ton fils des fureurs de sa mère ;
Prends pitié de l’état où tu me vois réduit.
Quoi ! Jusque dans tes bras la barbare me suit !…
C’en est fait ! Je succombe à cet affreux supplice.
Du crime de ma main mon cœur n’est point complice ;
J’éprouve cependant des tourments infinis.
Dieux ! Les plus criminels seraient-ils plus punis ?

 

Dans cet extrait, on voit que la passion a des conséquences funestes jusqu'après la mort : aux enfers. Le crime est suivi d'une culpabilité alors qu'on l'impression que pour la Phèdre de Racine, tout est pardonné au moment où Phèdre se tue : car sa mort, "rend au jour qu'elle souillait toute sa pureté." L'utilisation du jour et de la nuit comme métaphore de la culpabilité et de l'innocence, initiée chez Racine, est poursuivie ici. 

On retrouve cependant l'idée que le héros tragique est responsable mais ps coupable : ce sont les dieux qui agissent à travers lui : ainsi pour Phèdre :

"c'est Vénus tout entière à sa proie attachée." ( I, 3)

ou IV, 6 : quand Phèdre s'adresse à son père Minos : 

Pardonne ! Un dieu cruel a perdu ta famille :
Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille.

3. Voltaire, Oreste, acte V Scène IX (fin de la pièce) :

ORESTE.

Non, ce n'est pas moi ; non, ce n'est point Oreste ;
Un pouvoir effroyable a seul conduit mes coups.
Exécrable instrument d'un éternel courroux,
Banni de mon pays par le meurtre d'un père,
Banni du monde entier par celui de ma mère,
Patrie, états, parents, que je remplis d'effroi,
Innocence, amitié, tout est perdu pour moi !
Soleil, qu'épouvanta cette affreuse contrée,
Soleil, qui reculas pour le festin d'Atrée,
Tu luis encor pour moi ! tu luis pour ces climats !
Dans l'éternelle nuit tu ne nous plonges pas !
Eh bien, Dieux de l'Enfer, puissance impitoyable,
Dieux qui me punissez, qui m'avez fait coupable?
Eh bien, quel est l'exil que vous me destinez ?
Quel est le nouveau crime ou vous me condamnez ?
Parlez... Vous prononcez le nom de la Tauride ;
J'y cours, j'y vais trouver la prêtresse homicide
Qui n'offre que du sang à des dieux en courroux,
À des dieux moins cruels, moins barbares que vous.

Le thème du soleil est à rapprocher de la scène où Phèdre  ( IV, 4) s'adresse à son père : 

Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.Mes crimes désormais ont comblé la mesure :Je respire à la fois l’inceste et l’imposture ;Mes homicides mains, promptes à me venger,Dans le sang innocent brûlent de se plonger.Misérable ! et je vis ! et je soutiens la vueDe ce sacré Soleil dont je suis descendue !J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ;Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux :Où me cacher ? Fuyons dans la nuit infernale.Mais que dis-je ? mon père y tient l’urne fatale ;Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains :Minos juge aux enfers tous les pâles humains.Ah ! combien frémira son ombre épouvantée,Lorsqu’il verra sa fille à ses yeux présentée,Contrainte d’avouer tant de forfaits divers,Et des crimes peut-être inconnus aux enfers !Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible ?Je crois voir de ta main tomber l’urne terrible ;Je crois te voir cherchant un supplice nouveau,Toi-même de ton sang devenir le bourreau…Pardonne : un dieu cruel a perdu ta famille ;Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille.Hélas ! du crime affreux dont la honte me suitJamais mon triste cœur n’a recueilli le fruitLa différence est qu'Oreste se demande pourquoi le soleil face à son crime luit encore ( il critique la providence et le fait que la terre continue encore eà tourner malgré tant de forfaits) , alors que Phèdre se demande comment elle va pouvoir soutenir le regard de son père Minos, juge aux enfers, alors qu'elle a réussi à échapper au regard du Soleil, son grand père. 

4. Hernani de Victor Hugo, l'amour tragique du vieux pour la jeune

 

 

HERNANI, LE MASQUE

 

Le masque.

« Quoi qu’il puisse advenir,
« Quand tu voudras, vieillard, quel que soit le lieu, l’heure,
S’il te passe à l’esprit qu’il est temps que je meure,
« Viens, sonne de ce cor, et ne prends d’autres soins.
« Tout sera fait. » — Ce pacte eut les morts pour témoins.
Hé bien ! Tout est-il fait ?

Hernani, à voix basse.

C’est lui !

Le masque.

Dans ta demeure
Je viens, et je te dis qu’il est temps. C’est mon heure.
Je te trouve en retard.

Hernani.

Bien. Quel est ton plaisir ?
Que feras-tu de moi ? Parle.

Le masque.

Tu peux choisir.
Du fer ou du poison. Ce qu’il faut, je l’apporte.
Nous partirons tous deux.

Hernani.

Soit.

Le masque.

Prions-nous ?

Hernani.

Qu’importe ?

Le masque.

Que prends-tu ?

Hernani.

Le poison.

Le masque.

Bien ! – Donne-moi ta main.

Il présente une fiole à Hernani, qui la reçoit en pâlissant.

Bois, – pour que je finisse.

Hernani approche la fiole de ses lèvres, puis recule.
Hernani.

Oh ! par pitié, demain ! –
— Oh ! S’il te reste un cœur, duc, ou du moins une âme,
Si tu n’es pas un spectre échappé de la flamme,
Un mort damné, fantôme ou démon désormais,
Si Dieu n’a point encor mis sur ton front : jamais !
Si tu sais ce que c’est que ce bonheur suprême
D’aimer, d’avoir vingt ans, d’épouser quand on aime,
Si jamais femme aimée a tremblé dans tes bras,
Attends jusqu’à demain ! Demain tu reviendras !

Le masque.

Simple qui parle ainsi ! Demain ! demain ! — Tu railles !
Ta cloche a ce matin sonné tes funérailles !
Et que ferais-je, moi, cette nuit ? J’en mourrais.
Et qui viendrait te prendre et t’emporter après ?
Seul descendre au tombeau ! Jeune homme, il faut me suivre !

Hernani.

Eh bien, non ! et de toi, démon, je me délivre !
Je n’obéirai pas.

Le masque.

Je m’en doutais. Fort bien.
Sur quoi donc m’as-tu fait ce serment ? – Ah, sur rien.
Peu de chose après tout ! La tête de ton père !
Cela peut s’oublier. La jeunesse est légère.

Hernani.

Mon père ! Mon père !… – Ah ! j’en perdrai la raison !

Le masque.

Non, ce n’est qu’un parjure et qu’une trahison.

Hernani.

Duc !

Le masque.

Puisque les aînés des maisons espagnoles
Se font jeu maintenant de fausser leurs paroles,
Adieu !

Il fait un pas pour sortir.
Hernani.

Ne t’en va pas.

Le masque.

Alors…

Hernani.

Vieillard cruel !

Il prend la fiole.

 

Revenir sur mes pas à la porte du ciel !

 

 

 

Dans ce passage, Don Ruy Gomez, bien que se sachant plus âgé et moins séduisant que son rival Hernani, ne se résout pas à laisser Dona Sol à Hernani, bien que ces derniers s'aiment d'un amour réciproque. Sa jalousie féroce et ridicule conduira les trois personnages à une mort tragique : 

- Hernani car il avait donné sa parole à Don Ruy Gomez qui lui avait sauvé la ve en lui accordant un asile dans son château, que sa vie lui appartenait sur le simple son du cor : il doit respecter son honneur et la parole donnée. 

- Dona Sol par amour pour Hernani est déterminée à le suivre dans la mort

- Don Ruy Gomez par désespoir d'avoir perdu Dona Sol se tue à son tour. 

 

Les points communs avec la pièce de Phèdre sont cet amour quasi incestueux du vieux duc envers sa nièce !concurrencé par l's deux jeunes premiers ( comme Hippolyte avec Aricie) , amour qui ne pourra se réaliser à cause de la jalousie du vieux ( Don Ruy Gomez) ou de la vieille ( Phèdre) 

De même pour Phèdre, sa jalousie lui permet d'accepter qu'oenone, par sa calomnie précipite la mort du jeune héros. 

On voit cependant une évolution du genre tragique, puisque les sentiments du vieux duc n'inspirent pas seulement terreur et pitié, comme dans Phèdre, mais suscitant également le rire, par son aspect ridicule. 

Chez Hugo, la tragédie laisse place au drame romantique, qui mélange les registres : tragique et comique, et le sublime et le grotesque. 

Vie aussi sur ce thème Stendhal :Racine et Shakespeare. 

5. Antigone, Anouilh, 1942

 

LE MESSAGER

Une terrible nouvelle. On venait de jeter Antigone dans son trou. On navait pas encore fini de rouler les derniers blocs de pierre lorsque Créon et tous ceux qui lentourent entendent des plaintes qui sortent soudain du tombeau. Chacun se tait et écoute, car ce nest pas la voix dAntigone. Cest une plainte nouvelle qui sort des profondeurs du trou... Tous regardent Créon, et lui, qui a deviné le premier, lui qui sait déjà avant tous les autres, hurle soudain comme un fou: «Enlevez les pierres! Enlevez les pierres!» Les esclaves se jettent sur les blocs entassés et, parmi eux, le roi suant, dont les mains saignent. Les pierres bougent enfin et le plus mince se glisse dans louverture. Antigone est au fond de la tombe pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier denfant, et Hémon à genoux qui la tient dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe. On bouge un bloc encore et Créon peut enfin descendre. On voit ses cheveux blancs dans lombre, au fond du trou. Il essaie de relever Hémon, il le supplie. Hémon ne lentend pas. Puis soudain il se dresse, les yeux noirs, et il na jamais tant ressemblé au petit garçon dautrefois, il regarde son père sans rien dire, une minute, et, tout à coup, il lui crache au visage, et tire son épée. Créon a bondi hors de portée. Alors Hémon le regarde avec ses yeux d'enfant, lourds de mépris, et Créon ne peut pas éviter ce regard comme la lame. Hémon regarde ce vieil homme tremblant à l'autre bout de la caverne, et, sans rien dire, il se plonge l'épée dans le ventre et il s'étend contre Antigone, l'embrassant dans une immense flaque rouge.

 

C'est la sévérité du père Créon, comme Thésée, qui fait qu'ils perdent leur enfant ( Hémon/Hippolyte) . Même utilisation du pathétique, de la terreur et de la pitié envers les pères rois, qui ont été trop impulsifs et cruels. Il sont les gardiens de la loi mais en même temps coupables de l'hubris d'avoir trop confiance en leur rôle de rois et de censeurs : ils perdent leur fils.