L’ESSAI

 

PRÉSENTATION

TLE

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ENSEIGNEMENT

Texte officiel

Le sujet de l’essai porte sur le thème ou la question que le texte partage avec l’œuvre et le parcours étudiés durant l’année dans le cadre de l’objet d’étude La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle. Pour développer son argumentation, le candidat s’appuie sur sa connaissance de l’œuvre et des textes étudiés pendant l’année ; il peut en outre faire appel à ses lectures et à sa culture personnelles.

Note de service n° 2019-042 BO n°17 du 25 avril 2019

 

Présentation de l’exercice 

L’essai est un exercice de réflexion et d’argumentation à la fois plus bref et plus libre
que la dissertation. Il porte non pas sur un sujet d’ordre formel, mais sur les questions
qui sont abordées dans l’œuvre et le parcours au programme pour l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle », et dont traite également le texte de l’exercice
de contraction. L’essai est donc différent, dans la forme et dans le fond, de la dissertation littéraire. Il permet au candidat de développer une réflexion personnelle organisée sur ce que disent les œuvres et les textes, de manière plus directe que ne l’autorise l’exercice plus normé de la dissertation.

On attend de l’élève une introduction qui dégage brièvement les enjeux de la question et ouvre des pistes de réflexion correspondant à la construction du travail en deux ou trois grands mouvements explorant le sujet. Le plan annoncé et suivi peut être thématique, analytique ou dialectique... L’important est qu’il rende compte d’une réflexion personnelle progressive et ordonnée, appuyée sur des références et des exemples précis.

Le sujet lui-même peut prendre des formes diverses : une question ou une formule portantsur le programme, une citation extraite de l’œuvre au programme ou d’un texte qui pourraitgurer parmi ceux du parcours associé, une citation du texte source de la contraction...

COMMUN

Pour le commentaire:

 

question à poser sur le texte:

 

·      de quel siècle? quelle date? mes connaissances historiques autour de cette date, ex: les choses, 1962, 3 ans avant mai 68.

 

·      est-ce que je connais l'auteur? ex: Zola ou Balzac

 

·      quel est le thème principal du texte?

 

·      que veut démontrer l'auteur?

 

·      le fait-il directement ou par l'intermédiaire d'un personnage? ( ex: critique de la société à travers les déceptions d'Emma, ou critique directe par le narrateur dans Eugénie Grandet)

 

·      y a t il des mouvements, une évolution du passage?

 

·      genre du texte

 

·      type de texte ?le texte est-il narratif, descriptif, argumentatif?

 

·      registre dominant?

 

·      Y a t il des valeurs qui sous tendent le texte? des présupposés?

 

·      Le texte s'appuie-t-il sur une philosophie ou un manifeste?

 

 

 

 

 

Singularité du texte:

 

- les champs lexicaux

 

- situation d'énonciation : qui parle à qui? ( Roxane a Usbek..)

 

- particularités de la syntaxe: "le maitre disait a jacques qui disait a ..", imbrications, énumérations.

 

 

 

Attention:

 

- ne pas plaquer à mauvais escient des considérations sur les mouvements littéraires ou l'époque, vérifier la date de première parution du texte.

 

- lire attentivement le texte: se demander ce qu'il veut dire réellement sans avoir de préjugé sur son époque ou son mouvement littéraire: ex: un texte issu du "courant" réaliste peut être plus intéressant pour son caractère métaphorique, fantastique, imaginatif, etc.

 

- toute figure de style doit être commentée, l'oxymore, l'antithèse, la métaphore, etc n'ont pas de valeur en elles mêmes si elles ne sont pas articulées au but du texte.

 

ex:-les accumulations dans le texte de Perec illustrent la boulimie de l'acquisition chez les personnages.

 

-la métaphore du monstre pour parler de l'usine montre le danger qu'elle peut représenter pour les hommes dans Germinal

 

La problématique: dossier

I. dans l'ensemble des matières

 

Definition : La problématique est l’approche ou la perspective théorique qu’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est une manière d’interroger les phénomènes étudiés. Elle constitue une étape charnière de la recherche, entre la rupture et la construction.

La problématique met donc en avant les enjeux d'un sujet. Pour trouver une problématique, il faut analyser le sujet en détail :

1. Définir les termes : Le sujet change-t-il si on omet un mot ? Dans quel sens ?

2. Peut-on trouver des liens logiques entre les termes ? (causalité, opposition...),

3. Trouver des concepts associés : Croiser les mots associés (juxtaposition) ; mise en relation par des opérateurs logiques : "ou" (alternative), "car" (causalité), "donc" (conséquence), "mais" (opposition), égal (identité)

Quelle démarche suivre ?

1. Je délimite le thème en extrayant plusieurs sujets :

Exemple de thème : "Les transformations du marché du travail" Thèmes extraits :
chômage des jeunes
division du travail

travail féminin
racisme au travail
réduction du temps de travail conditions de travail

2) Je choisis un sujet et pose des questions sur ce sujet :

Par exemple "chômage des jeunes" :
Quelles sont les causes du chômage des jeunes ? Quelles actions ont été faites pour enrayer ce chômage ? Ces actions sont-elles efficaces ?

 

3) J’extrais de ces questions une problématique qui fait naître une réflexion et demande une enquête :

Est-il possible de diminuer le chômage des jeunes en France d'une façon durable? Peut-on dire que le diplôme protège du chômage ?

Exercice : Trouver une problématique à partir du sujet « Médée dans la littérature ». Travail par groupes de 2 étudiants.

A partir de la problématique, le plan

Il est bien évident qu’en plus des parties citées ci-contre, vous devez impérativement prévoir une introduction et une conclusion (voir plus bas) :

Des formes de plan possibles, mais peut-être trop simples pour le cadre universitaire :

• Le plan chronologique. Il peut avoir plusieurs formes :

progressive (autrefois, aujourd’hui, demain)

régressive (aujourd’hui, passé récent, passé plus ancien)

"dans le désordre" : les parties diffèrent les unes des autres par leur rapport au temps, mais elles ne sont pas présentées dans un ordre chronologique.

Ce plan est utilisable à l’écrit (pour un compte-rendu ou une synthèse) il est difficile à faire comprendre à l’oral.

• Le plan comparatif. Il est basé sur une opposition
avantages - inconvénients (aspects positifs-aspects négatifs, pour-contre) situation actuelle - situation passée
vrai-faux
Il est indispensable dans la conclusion de mettre en valeur votre point de vue.

 Du général au particulier. Il peut se développer dans les deux sens : problème général - problème particulier - analyse d’un exemple concret exemple typique - première généralisation - deuxième généralisation

LE plan universitaire :

• Le plan dialectique. C’est le plan le plus "classique" : thèse- antithèse - synthèse. La difficulté : pour le réussir, il faut avoir identifié la problématique...

La mise en évidence du plan

REGLE N°1 : Annoncer le plan au début de l'exposé/du dossier.

En général, cette annonce se fait à la fin de l’introduction.

Il est d’usage, dans ce genre d’annonce, d’utiliser le FUTUR.

Si vous êtes debout au tableau, vous pouvez écrire votre plan au tableau.

Vous pouvez aussi préparer un exemplaire du plan sur une photocopie, ou un rétroprojecteur, ou un Power Point

Formules qui vous seront utiles pour exposer votre plan :

- je parlerai / traiterai de, je présenterai, je développerai, je m’étendrai sur dans un premier temps, j’exposerai...

- ensuite, dans un deuxième temps...
- pour conclure / en conclusion / pour

Pour souligner qu’on ne traitera pas un problème particulier

- je passerai rapidement sur, je n’insisterai pas sur

 

REGLE N°2 : Souligner les passages d'une étape à l'autre de l'exposé.

• Des formules :

Permettez-moi de vous présenter...
Passons, si vous le voulez
Abordons maintenant l’aspect.../ je passe maintenant à l’étude de... Venons en à, en ce qui concerne..., pour ce qui est de... , quant à..., il reste à parler de ...
Remarquons que.../ Remarquez que...,
Prenons l’exemple de....,
Je donnerai un exemple pour illustrer ce point,
Examinons le cas / l’exemple suivant
Notons que.../ notez que...
Je tiens à rappeler que...
J’attire votre attention sur le fait que...

• Un certain vocabulaire :

une introduction
une première / seconde / troisième partie
un exemple / un cas typique / un cas particulier / un contre-exemple (un exemple du contraire) un avantage, un inconvénient, un argument en faveur, une objection, une preuve.

Des articulateurs : Observez attentivement les articulateurs proposés ci-dessous. Progression logique :

·      d’abord ensuite
, enfin
, tout d’abord, puis finalement
en premier lieu en second lieu

·      en dernier lieu au premier abord de prime abord avant tout
en fin de compte premièrement deuxièmement non seulement

·      mais encore, mais aussi

·      de plus, en outre, de surcroît, encore,

·      pour terminer

 

Pour ajouter quelque chose :

de plus, de même, par ailleurs, en outre, d’une part / d’autre part, également.

Pour souligner une opposition (avec nuance de concession) :

mais, cependant, toutefois, pourtant, néanmoins, malgré tout, il n’en reste pas moins que, il n’empêche que.

Pour introduire une opposition (plus forte, plus contrastée) :

en revanche, au contraire, par contre, par ailleurs, d’une part / d’autre part, d’un côté / de l’autre. Malgré, en dépit de, à l’inverse, à la différence de , à l’opposé, par opposition.

Pour introduire l’idée d’un obstacle :

certes, sans doute, effectivement, j’admets que, je reconnais que, je vous concède/accorde que

Pour introduire une nouvelle idée, liée aux idées précédentes (idée de restriction avant une conclusion) : or

Pour introduire une restriction à la fin d’un raisonnement :

encore que.

Pour donner une explication :

c’est à dire, autrement dit, cela veut dire, ce qui signifie que...

Pour souligner la cause :

car, en effet, c’est que à cause de, en raison de, sous l’effet de, grâce à , vu, attendu, étant donné, à défaut de, faute de.

Pour faire une conclusion, une déduction :

en conséquence, par conséquent, donc, c’est pourquoi, aussi (sujet et verbe inversés), ainsi, pour cette raison, pour ce motif ; d’où, alors, pour conclure, en conclusion, finalement, en fin de compte, en somme, en résumé, en bref, en somme, l’essentiel est de voir que, ce qu’il faut retenir.

L'Introduction

Dans l’introduction, vous devez indiquer les informations suivantes :
- exposer la problématique (éventuellement à l’aide d’un exemple concret) - annoncer le plan de l’exposé

Vous ne devez pas
- donner votre opinion personnelle
- dévoiler ce que vous direz dans la conclusion.

La Conclusion

Une bonne conclusion sert à :

- rappeler brièvement le contenu de l’exposé/du dossier
- souligner l’opinion personnelle de l’intervenant,
- dans le cadre de l’exposé, inviter l’auditoire à entamer la discussion.

- Evitez les formules du type : "comme je l’ai déjà dit". Dites plutôt  comme nous venons de le voir...
- en résumé, je me permettrai de rappeler que...

II.pour l'oral de français: Il faut adapter votre plan appris à la problématique proposée par l'examinateur.

LA CONTRACTION DE TEXTE EXEMPLE POUR UNE CLASSE DE PREMIERE TECHNOLOGIQUE

Exemple : Supplément au voyage de Bougainville, Diderot –

Parcours : l’Autre et l’Ailleurs Texte support de la contraction : Claude Lévi-Strauss, extrait de Race et Histoire, 1952 

 

 

Il semble que la diversité des cultures soit rarement apparue aux hommes pour ce qu’elle est : un phénomène naturel, résultant des rapports directs ou indirects entre les sociétés ; ils y ont plutôt vu une sorte de monstruosité ou de scandale ; dans ces matières, le progrès de la connaissance n’a pas tellement consisté à dissiper cette illusion au profit d’une vue plus exacte qu’à l’accepter ou à trouver le moyen de s’y résigner. L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l’Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. Ce point de vue naïf, mais profondément ancré chez la plupart des hommes, n’a pas besoin d’être discuté puisque cette brochure en constitue précisément la réfutation. Il suffira de remarquer ici qu’il recèle un paradoxe assez significatif. Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les « sauvages » (ou tous ceux qu’on choisit de considérer comme tels) hors de l’humanité, est justement l’attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes. On sait en effet que la notion d’humanité, englobant, sans distinction de race ou de civilisation, toutes les formes de l’espèce humaine, est d’apparition fort tardive et d’expansion limitée. Là même où elle semble avoir atteint son plus haut développement, il n’est nullement certain – l’histoire récente le prouve – qu’elle soit établie à l’abri des  équivoques ou des régressions. Mais pour de vastes fractions de l’espèce humaine et pendant des dizaines de millénaires, cette notion paraît être totalement absente. L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village ; à tel point qu’un grand nombre de populations dites primitives se désignent d’un nom qui signifie les « hommes » (ou parfois – dirons-nous avec plus de discrétion – les « bons », les « excellents », les « complets »), impliquant ainsi que les autres tribus, groupes ou villages ne participent pas des vertus – ou même de la nature – humaines, mais sont tout au plus composés de « mauvais », de « méchants », de « singes de terre » ou d’ « œufs de pou ». On va souvent jusqu’à priver l’étranger de ce dernier degré de réalité en en faisant un « fantôme » ou une « apparition ». Ainsi se réalisent de curieuses situations où deux interlocuteurs se donnent cruellement la réplique. Dans les Grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blanc prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était ou non sujet à la putréfaction. Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d’autres formes) : c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. Sans doute les grands systèmes philosophiques et religieux de l’humanité – qu’il s’agisse du bouddhisme, du christianisme ou de l’islam, des doctrines stoïcienne, kantienne ou marxiste – se sont-ils constamment élevés contre cette aberration. Mais la simple proclamation de l’égalité naturelle entre tous les hommes et de la fraternité qui doit les unir, sans distinction de races ou de cultures, a quelque chose de décevant pour l’esprit, parce qu’elle néglige une diversité de fait, qui s’impose à l’observation et dont il ne suffit pas de dire qu’elle n’affecte pas le fond du problème pour que l’on soit pratiquement et théoriquement autorisé à faire comme si elle n’existait pas. Ainsi le préambule à la seconde déclaration de l’UNESCO sur le problème des races remarque judicieusement que ce qui convainc l’homme de la rue que les races existent, c’est « l’évidence immédiate de ses sens quand il aperçoit ensemble un Africain, un Européen, un Asiatique et un Indien américain ». Les grandes déclarations des droits de l’homme ont, elles aussi, cette force et cette faiblesse d’énoncer un idéal souvent trop oublieux du fait que l’homme ne réalise pas sa nature dans une humanité abstraite, mais dans des cultures traditionnelles où les changements les plus révolutionnaires laissent subsister des pans entiers et s’expliquent eux-mêmes en fonction d’une situation strictement définie dans le temps et dans l’espace. Pris dans la double tentation de condamner des expériences qui le heurtent affectivement, et de nier des différences qu’il ne comprend pas intellectuellement, l’homme moderne s’est livré à cent spéculations pour établir de vains compromis entre ces pôles contradictoires, et rendre compte de la diversité des cultures tout en cherchant à supprimer ce qu’elle conserve pour lui de scandaleux et de choquant. (1066 mots)

 

Consigne : résumez ce texte en 266 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 240 et au plus 292 mots.

 

 L’analyse du texte • Ouverture Refus d’admettre le caractère naturel de la diversité des cultures, considérée comme une aberration. Seule évolution : tolérance plus grande à l’égard de ce qui reste profondément non admis. • Premier mouvement Réaction quasi instinctive : rejet pur et simple de la différence, réaction d’horreur. En témoigne l’emploi des mots « barbare » et « sauvage » : connotation d’animalité. Relégation de l’autre hors de l’humanité, dans la nature. • Deuxième mouvement Il faut à ce propos souligner un paradoxe : cette attitude discriminatoire est justement la marque de la sauvagerie. Notion d’humanité (ensemble des hommes, sans distinction) est récente et encore fragile. Pour beaucoup, l’humanité se restreint à l’aire d’extension du même, limitée à la tribu, au village, au groupe. Au dehors, l’autre est considéré comme non humain, voire irréel. Reformulation du paradoxe : dire que le sauvage n’est pas un homme, c’est se comporter comme un sauvage. Cette analyse prend ici la forme de notes sur ce qui apparaît essentiel dans le texte de LéviStrauss. Un entraînement à l’exercice de la contraction peut fort bien, dès la classe de seconde, consister à faire lire un texte d’idées aux élèves en leur demandant de prendre des notes organisées sur ce qui est le plus important et de faire apparaître dans ce travail la construction du texte en question. L’analyse détaillée du texte n’est pas toujours utile, ou du moins elle ne paraît l’être que pour lever les difficultés dans certains passages difficiles. On peut demander aux élèves, dans cette prise de notes, de ne pas recopier des fragments du texte, mais de paraphraser l’essentiel, de manière à les amener à la reformulation abrégée qui est attendue d’eux. Ces notes leur permettent aussi de disposer, dans la première phase de rédaction du résumé, d’un document de référence intermédiaire pour vérifier, sans se reporter sans cesse au texte, qu’ils reprennent bien les idées essentielles et le mouvement de l’argumentation. C’est dans la phase d’élaboration finale qu’il leur faudra revenir plus précisément au texte pour éviter les reprises terme à terme, s’assurer qu’ils ont respecté les proportions et travailler à l’ajustement du nombre de mots employés. Au moment de la première rédaction, les allers-retours incessants entre texte et résumé risquent d’empêcher l’élève de trouver la bonne distance par rapport au texte, celle qui lui permet d’écrire son résumé. Avec les élèves il est possible de travailler : • sur un exercice d’amplification : partir d’un résumé et, sans leur communiquer le texte source, leur demander de développer l’argumentation de ce deuxième mouvement (§ 3), ce qui permet de leur donner une conscience plus nette de la variation possible du volume de développement, puis par comparaison avec le texte de départ, de sa cohérence logique. • à partir de ce §, sur la relation entre argument et exemple, en amenant les élèves à se demander ce qui doit être conservé et ce qui peut être laissé de côté et/ou formulé de manière synthétique.

Troisième mouvement Certes, l’humanisme philosophique ou religieux combat cette discrimination Mais il évite le problème en niant l’évidence de la diversité De même pour l’humanisme, qui abstrait l’homme des cultures particulières où s’accomplit sa condition humaine. • Fin Double impasse : aversion instinctive et dénégation abstraite. Recherche d’une compréhension qui efface ce que le phénomène de la diversité garde de révoltant pour les modernes. Propositions de rédaction du résumé Proposition n°1 On a longtemps considéré la diversité des cultures comme une révoltante aberration. Nous n’avons guère réussi, au fil du temps, qu’à nous la rendre plus tolérable. (28) Face à des usages étranges, la réaction la plus archaïque et la plus commune est le rejet, qui témoigne de l’horreur de la différence. Rien, ou presque, d’humain dans ce qui est étranger : barbares ou sauvages, les autres sont, par la langue même, relégués aux frontières du monde animal, comme s’il ne pouvait y avoir différentes manières d’être homme. (63) Soulignons là un paradoxe : dénier à l’autre la condition humaine est le fait caractéristique de la sauvagerie elle-même. L’idée d’humanité, dans son sens extensif, est une idée assez neuve, et fragile. Pour beaucoup, et depuis longtemps, la qualité d’humain se limite à soimême et aux siens. Les autres, rejetés hors du cercle, voire dénués de réalité, ne méritent pas le nom d’hommes, ni d’être traités comme tels. C’est ainsi que par le mépris on ressemble à ce qu’on méprise. (89) L’universalisme philosophique ou religieux répudie certes cet ostracisme, et y oppose l’idée d’une commune condition, mais au prix d’une méconnaissance de la diversité réelle qui fait négliger le problème sans le résoudre. De même pour l’humanisme, qui ignore le rôle des particularités culturelles dans l’accomplissement du fait humain. (54) Entre l’horreur viscérale et la dénégation intellectuelle, les modernes cherchent à comprendre et à admettre une diversité dont la réalité persiste à les gêner. (25) (285 mots) Avec les élèves il est possible de travailler : • l’enchaînement des idées, en supprimant une partie du texte de ce troisième mouvement. Par exemple, dans le 5ème paragraphe, garder l’articulation logique  « Mais » et supprimer tout le reste de la deuxième phrase en demandant aux élèves d’écrire ce qui manque pour aboutir logiquement à la dernière phrase. eduscol.education.fr/ - Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse - Juillet 2019 5 Retrouvez éduscol sur : VOIE TECHNOLOGIQUE Français 1re Proposition n°2 Loin d’admettre comme un fait de nature l’existence de cultures différentes, les hommes n’ont au mieux réussi qu’à tolérer une situation qui leur répugne. (28) Face à une étrangeté qui nous choque, notre instinct nous dicte toujours le refus et le mépris. Ainsi anciens et modernes rejettent-ils, par l’usage même des mots qu’ils emploient, « barbares » et « sauvages » du côté de la nature, hors du sens, de la civilisation et de l’humanité : est inhumain quiconque ne suit pas la loi que je suis. (61) Mais un tel rejet ne marque précisément que la barbarie ; car l’idée d’une nature humaine universelle est neuve, mal répandue et fragile encore, et beaucoup n’identifient comme hommes que les membres du groupe auquel ils appartiennent, reléguant les autres dans les ténèbres extérieures et leur déniant toute valeur, humanité ou même réalité. Ainsi conquérants et « sauvages » se renvoient-ils, en remettant en cause l’humanité de l’autre, la même interrogation barbare. (75) Philosophies et religions opposent à de tels comportements le principe généreux d’une universelle égalité de droit. Mais, de même que l’humanisme, elles oublient la diversité des cultures dans lesquelles s’accomplit réellement la condition humaine et, s’élevant dès lors au-dessus des différences, elles ne peuvent résoudre les problèmes nés de leur existence incontestable. (57) Car l’homme, malgré tout, est enraciné dans une culture qui n’évolue que par à-coups, selon des paramètres spécifiques. Aversions de l’instinct, incertitudes de la raison : l’homme a tenté, et tente encore, de surmonter les unes et les autres, pour comprendre sereinement les bigarrures du réel. (50)