Les figures de style
Séquence le rôle de la presse/Le slogan publicitaire
I.Jeux sur les mots
1) Figures lexicales par analogie
a) La comparaison
C’est le rapprochement entre deux éléments, le comparant et le comparé, pour en faire ressortir les ressemblances, au moyen d’un procédé grammatical (comme…) ou lexical (pareil à, tel que…)
Gemey Des ongles durs comme du fer, une tenue d’enfer.
Epi d’or C’est bon comme la campagne .
b) La métaphore
C’est le rapprochement de deux éléments, sans outil de comparaison.
Si la métaphore est développée par plusieurs termes, on parle de métaphore filée.
Fidji La femme est une île, Fidji est son parfum.
c) La personnification
C’est l’évocation d’une réalité non humaine par des caractéristiques humaines,c’est un procédé consistant à parler de choses ou d’animaux comme si c’étaient des
personnes.
Nestlé Le chocolat vous aime.
d) L’allégorie
C’est la représentation d’une idée abstraite sous une forme concrète.
[Ex/ Marianne femme représentant la République]
2 ) Les figures par substitution
a) La métonymie
C’est le fait d’ évoquer une réalité au moyen d’un terme lié au premier par un rapport logique. Contenant / contenu
Cause / effet effet /cause
Pirelli
Le haut de gomme (chose / matière gomme=pneu)
(+jeux de mots gomme / gamme)
Evian 1 L ,La jeunesse à emporter
b) La synecdoque
C’est une sorte de métonymie. Lorsque le second élément est inclus dans le premier , on parle de synecdoque .
Au volant , La vue c’est la vie
=en voiture .
c) La périphrase
Elle remplace le terme par une expression qui évite une répétition
ou donne une explication.
Le Bordeaux -le roi des vins –
3 ) Les figures par opposition
a) L’oxymore
C’est une association de deux termes opposés.
[Un soleil noir Un feu glacé]
Christofle/ Tradition d’avant- garde
b) L’antithèse
L’antithèse rapproche deux ensembles de termes ou deux termes opposés pour marquer leur contraste. Le rapprochement est suggéré par une symétrie de construction.
Synthol Taillefine
Ça fait du bien, là où ça fait mal. Moins de superflu, plus d’essentiel.
Handybag Plus fort sur les points faibles .
c) L’antiphrase
C’est le fait d’exprimer le contraire de ce que l’on pense, sans laisser aucun doute sur sa véritable opinion.
[La confiance règne !] [C’est du joli !]
4) Exploitation du double sens de certains mots
L’antanaclase
C’est la répétition à l’intérieur d’une même phrase, d’un même mot (ou groupe de sons) pris dans des sens différents.
Gan Quoi qu’il arrive, vous arrivez.
Tropico Quand c’est trop, c’est Tropico
5) Les figures par atténuation ou amplification
a) La litote
Elle dit le moins pour suggérer le plus.
Chivas Régal :Cen’est pas donné,mais c’est souvent offert. (=C’est cher)
b) L’euphémisme
Elle atténue l’expression d’une idée pour ne pas choquer.
[Un demandeur d’emploi = un chômeur]
c)L’hyperbole
Elle amplifie les termes d’un énoncé. (exagération)
[J’ai tellement soif que je boirais la mer.]
1)Les figures par acculumation
a) L‘anaphore
L’anaphore consiste à répéter les mêmes mots ou groupes de mots en tête de phrases ou de propositions.
[Bleue la mer, bleu le ciel, bleus tes yeux…]
b) La répétition
C’est le fait de répéter le même mot ou groupe de mots.
c) La gradation
Elle ordonne les termes d’un énoncé selon une progression (en taille , en intensité.. )
[L’homme semblait grand, immense , gigantesque…]
2) Les figures par association
a) Le chiasme
Lorsque les termes d’une antithèse sont inversés, on parle de chiasme.
Urgo Il y a de l’Urgo dans l’air, il y a de l’air dans Urgo.
Le Bordeaux,le Roi des vins, le vin des Rois.
b) Le parallélisme
C’est l’effet produit par la répétition d’une structure de phrase.
American Express Ma vie est ici, ma carte est une American Express.
Cup a soup de Knorr Le p’tit coup de pouce contre les coups de pompe
SFR Parlons mieux, parlons mobile.
c) Le zeugma
C’est l’association surprenante de deux mots appartenant à des registres différents, par exemple un terme abstrait et un terme concret.
[Il prit son chapeau et la fuite.]
III. Jeux sur les sons
1)Les sons
a)L’assonance
C’est la répétition d’une même voyelle, ou d’un même groupe de voyelles.
Quand on a un cerveau, on a une fiat Punto. (+ parallélisme)
b)L’allitération
C’est la répétition d’une même consonne ou d’un même groupe de consonnes.
Baygon,bye bye les bestioles.
Au volant, la vue c’est la vie.
2)Les groupes de sons
La paronomase
C’est le rapprochement , dans une même phrase, de mots aux sons très voisins.
Fuca,y’a pu qu’à .
Leerdamer,son goût fait un malheur.
Elle et Vire,l’envie du vrai.
Aparté : (n.m.) propos d'un acteur qui est censé être entendu par les spectateurs tout en échappant aux autres personnages.
Confident : personnage secondaire qui reçoit les confidences d'un personnage principal, ce qui permet au spectateur d'être mis au courant des faits nécessaires à la compréhension de l'action.
Cour, jardin : le côté cour désigne la droite de la scène par rapport au spectateur, le côté jardin, le gauche. Ces termes sont hérités de la salle des machines du théâtre des Tuileries.
Dialogue : ensemble des paroles échangées entre les personnages d'une pièce.
Didascalie : (n.f.) indication de mise en scène fournie en dehors du texte de la pièce.
Dramaturgie : (n.f.) ensemble des techniques théâtrales utilisées par un auteur.
Jouer à bureaux (guichets) fermés: faire salle comble après avoir loué la totalité des places disponibles.
Metteur en scène : personne qui élabore et supervise le spectacle et assure ainsi son unité.
Monologue : (n.m.) propos qu'un personnage, seul sur la scène, se tient à lui-même révélant ainsi au spectateur ses sentiments. Scène constituée par ce type de tirade.
Protagoniste : acteur principal.
Quiproquo : (n.m.) effet de théâtre exploitant une méprise.
Récit : long développement par lequel un personnage généralement secondaire, vient exposer des faits qui se sont déroulés hors de la scène.
Réplique : (n.f.) partie du dialogue prononcée d'un seul tenant par un personnage.
Rôle de composition : rôle qui amène un acteur à travestir son aspect physique et sa voix.
Scénographie : (n.f.) ensemble des techniques qui envisagent l'organisation de la scène et ses rapports avec la salle.
Stichomythie : (n.f.) succession de répliques de longueur égale ou à peu près égale.
Théâtralité ou écriture théâtrale : ensemble des éléments qui donnent à un texte sa force théâtrale.
Tirade : (n.f.) longue réplique.
Connecteurs classés
par catégories |
Connecteurs |
D'une part.... D'autre part, |
|
mais
en revanche
d’ailleurs, aussi bien
tandis que
quoi que encore que même si +(indicatif)
bien que + (subjonctif)
certes |
Chronologie littéraire
Périodes littéraires |
Événements politiques et sociaux |
Œuvres littéraires |
Renaissance La Pléiade |
1494-1559 Guerres d'Italie |
1531 Marguerite de Navarre Miroir de l'âme pécheresse |
1610 Régence de Marie de Médicis |
1636 Corneille Le Cid |
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1715 Mort de Louis XIV / Régence de Philippe d'Orléans |
1721 Montesquieu Lettres persanes |
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1802 Concordat avec le Pape |
1802 Chateaubriand Génie du Christianisme (avec René) |
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1900 Exposition Universelle à Paris |
1900 Colette Claudine à l'école |
Vers le commentaire composé : les œuvres narratives
Marthe Machorowski.
NB Méthode recommandée plutôt pour le travail à la maison, et à titre d’entraînement ! Car évidemment elle prend du temps.
Bien évidemment aussi, tous les axes de recherche ne sont pas également importants selon les œuvres. Certaines des pistes que je vous donne ici ne mèneront nulle part, d’autres au contraire seront riches de découvertes ! Cela dépendra du texte
Attention ! Ne vous étonnez pas que certaines de ces pistes se croisent, et qu’on soit amené à remarquer les mêmes choses sous différents angles. Quand cela arrive, ce n’est pas négatif, bien au contraire. Cela prouve que vous avez mis le doigt sur l’un des nœuds énergétiques du texte. L’heure de mettre en ordre vos idées et de chasser les redites viendra au niveau de l’élaboration du plan, et vous n’y êtes pas encore.
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Pistes |
Questions à poser |
Application |
Exemples |
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1. Les contextes |
a.Le contexte historique et socioculturel |
A quel mouvement appartient le romancier ? A quel sous-genre appartient l’œuvre ? S’agit-il d’un roman, d’une nouvelle, d’un conte, et de quel type ?
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Retrouver en quoi l’œuvre étudiée montre ces caractéristiques, en quoi elle en diffère. ON peut en introduction remarquer les similitudes, dans le développement les différences, et conclure sur l’utilisation par l’auteur d’une forme ou de thèmes ou d’un style donné pour sa convenance propre.
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Par ex : on peut lire le Gargantua de Rabelais comme un prototype du Roman d’Education, mais aussi comme une parodie du roman de chevalerie. C'est-à-dire qu’il faudra confronter les codes des genres avec l’œuvre précise. Des contes de Voltaire comme Zadig, Candide ou L’ingénu empruntent à la fois aux lieux communs du conte oriental (Zadig) , du roman picaresque (Candide), peuvent tous être considérés comme des romans d’éducation et le tout appartient au sous-genre de l’apologue en tant que contes philosophiques. Il est évident aussi que les romans romantiques différent considérablement des romans réalistes !
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b. Le contexte historique |
Que se passait-il à l’époque ? Dans quel genre de société l’écrivain vivait-il ? |
On retrouve l’influence non seulement des grands événements historiques, mais également des changements de société, de mentalité, et des conditions économiques chez les romanciers. Parfois, c’est une présence en creux : la société de leur temps c’est précisément ce qu’ils fuient ! Il existe également d’étroites correspondances entre la littérature d’une époque et les mouvements artistiques. |
Les romans du 18ème reflètent bien la crise des valeurs morales traditionnelles et de la religion à travers des romans comme Manon Lescaut ou Les Liaisons Dangereuses. Les romanciers du 19ème siècle sont marqués par l’essor de la bourgeoisie et la fin d’un monde. Tantôt (réalistes) ils le décrivent tel quel. Tantôt ils cherchent à en sortir par l’imagination, le recours à l’histoire ancienne, ou à l’imaginaire. Le même Flaubert qui écrivit Mme Bovary écrivit aussi Salammbô ou la tentation de Saint Antoine. On peut souvent illustrer les romans de Maupassant et de Zola par leurs contemporains, les impressionnistes ! OU ceux du 18ème par les œuvres de Fragonard ou de Boucher. Les romans du 20ème siècle marquent une rupture avec la tradition, ainsi qu’avec la notion traditionnelle du personnage. Beaucoup sont marqués par la naissance de nouveaux sous-genres comme la science-fiction ou le roman policier, et influencés par le cinéma. |
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c. Le contexte biographique |
Dans quel moment de sa vie et de son évolution personnelle l’écrivain a-t-il écrit ? |
Qu’est-ce qui en rejaillit dans l’œuvre ? |
D’abord, la réaction à une époque est personnelle. Comme je le disais ci-dessus, la même misère des classes pauvres va inspirer à Eugène Sue un roman feuilleton idéaliste comme Les Mystères de Paris (mille fois imités !) et à Zola la sombre chronique d’une déchéance, L’Assommoir. Le roman de Nerval, Aurélia, est largement autobiographique. Et reflète ses crises de folie (qui l’amèneront au suicide) De même que toute la veine fantastique de Maupassant est à mettre en relation avec la syphilis qui a occasionné de graves troubles neurologiques. D’autres contes au contraire lui ont été inspirés par la guerre de 1870 et on y retrouve un esprit très revanchard ! Son pessimisme quant au mariage, lui, reflète peut-être le couple raté qui a été celui de ses parents. Le Victor Hugo d’avant et d’après l’exil n’écrit pas le même genre de roman ! Les Contes de mon moulin ont été inspirés à Daudet par son séjour en Provence. |
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d. Le contexte de l’extrait |
Il est rare, évidemment, de trouver un texte narratif complet, quoique cela puisse arriver, il s’agit alors d’un conte (par ex, L’homme à la cervelle d’or, de Daudet,qui a fait l’objet d’un sujet de Bac ces dernières années.Mais le commentaire était demandé seulement sur un extrait. |
Le sens même de l’extrait dépend de sa place et de sa fonction dans le roman ou la nouvelle. Dans le cas de la nouvelle, il est important de savoir dans quel recueil elle se situe, à quelle thématique elle appartient (ou on). De même pour les romans qui appartiennent à des cycles comme La comédie humaine ou Les Rougon Macquart . |
EX : Cas « privilégié » de l’incipit ou de l’excipit (qui pourront faire l’objet d’une autre fiche) Il est important de savoir ce qui s’est passé avant, à quel moment de sa vie se situe un personnage. Ces renseignements sont généralement donnés en introduction pour le commentaire. Par exemple, on ne peut pas étudier la scène du meurtre des parents dans le conte de Flaubert, Saint Julien l’Hospitalier, sans savoir quelle malédiction pèse sur le personnage et comment il a cru y échapper, ni pourquoi il rentre chez lui dans un pareil état de frustration et de rage. De même il est important de savoir que Le bonheur dans le crime , de Barbey d’Aurevilly, appartient au recueil intitulé Les diaboliques ! Ou que Boule de Suif, de Maupassant, a donné son nom au recueil. |
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Le cadre du récit |
Où le récit est-il censé se dérouler ? Où et quand ? Dans quel milieu social ? Y a-t-il un ou plusieurs cadres spatio-temporels ? NB Dans le cadre d’un texte de commentaire, il n’est guère probable qu’on ait à se poser cette question, mais sait-on jamais ! On peut par exemple sur deux paragraphes raconter une scène qui se passerait à Marseille et une autre à Paris ! |
Pensez d’abord au cadre général, puis précisez : la France, Paris, 18ème siècle, Régence… etc Chez les gens du peuple, la noblesse, les truands, les bourgeois. Ou y a-t-il par exemple des gens riches chez les pauvres ? Ou l’inverse ? Penser que l’époque et le milieu social, ainsi que le cadre géographique, déterminent l’action. Cadre large ou restreint ? Réaliste ou fantastique ? |
Prenez Manon Lescaut, de l’abbé Prévost. Manon est envoyée au couvent malgré elle. Elle se retrouve déportée en Louisiane. Tout cela n’arriverait pas au 20ème siècle ! Meursaut ne serait pas condamné à mort. Ou dans notre société égalitaire, Hauteclaire, professeur d’escrime, ne serait pas considérée comme indigne d’être épousée par un noble. Dans Le bonheur dans le crime, elle passe par le crime avant de pouvoir épouser l’homme qu’elle aime, et tous deux sont mis au ban de la noblesse. Aujourd’hui, victime d’un accident du travail, Coupeau ne serait pas sans ressource ! (L’assommoir) Si l’on reste dans le cadre d’un extrait, le comportement des personnages est dicté par les convenances et les codes de leur époque, pas de la nôtre. Donc ne pas se tromper sur l’interprétation, notamment dans les codes du comportement amoureux. Le cadre géographique peut être l’un des personnages (par exemple la Haute Provence dans les romans de Giono) |
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2. L’énonciation |
Qui parle ? A qui ? De quoi ? Dans quelles circonstances ? Dans quel but avoué ou caché ? |
Observation des déictiques : le narrateur est-il dans le texte ou en dehors ? Parle-t-on à la première, deuxième, troisième personne, du singulier ou du pluriel ? Y a-t-il plusieurs narrations emboîtées ? Y a-t-il un destinataire désigné ? Comment, dans le cas d’un discours, l’auteur réussit-il à s’adresser à la fois au destinataire fictif et au lecteur ? (Double énonciation comme au théâtre) Parle-t-on au passé au présent ou dans l’avenir ? Quelles valeurs ont les temps ? Est-on dans le réel ou le virtuel , emploie-t-on l’indicatif, le conditionnel, le subjonctif ? parle-t-on de faits, de réflexions, de rêves, d’hallucinations ? Y a-t-il dialogue ou discours emboîté dans le récit ? L’auteur s’interrompt-il dans son récit pour nous informer ou pour argumenter ? Surtout, y a-t-il discours indirect libre ? Attention, il est très difficile à repérer dans la mesure où il emploie la troisième personne et la concordance des temps de la narration ! Quel est le support fictif du récit ? Discours d’un personnage ? Ecrit ? De quelle sorte ? Lettre, manuscrit, journal intime, chronique envoyée à un journal ? |
On parle en général de focalisation ou plus généralement de point de vue.Point de vue omniscient : l’auteur ne se manifeste pas mais comme un Dieu, connaît tout de ses personnages, même leur pensée secrète, et anticipe ce qui va arriver, comme il connaît ce qui est encore caché. « Il ignorait que son destin l’attendait au coin de la rue » Alignement sur un personnage (de plus ou moins loin). L’auteur s’interdit de savoir autre chose que ce que voit, entend, ressent le personnage. Le récit à la première personne s’aligne plus ou moins sur le narrateur, mais on peut échapper à cette contrainte par la prolepse ou l’analepse (voir plus loin le rapport au temps) Narrateur ignorant, ou focalisation externe : l’auteur s’interdit tout savoir externe, il ignore ce que pense le personnage, il décrit ce qui se passe, comme s’il était en train de visionner une caméra de surveillance ! Procédé très moderne. Narrations emboîtées l’une dans l’autre. Artifice souvent utilisé par les auteurs de contes fantastiques pour « s’excuser » de raconter des choses invraisemblables. Ou pour semer le doute sur les faits racontés. L’auteur racontant directement impose qu’on croie à ce qu’il dit. L’auteur passant par un personnage nous laisse la liberté de douter. Principe des Contes de la bécasse de Maupassant : chaque récit est raconté par un des personnages, compagnons d’une partie de chasse. Autre cas : dans un roman de type picaresque, où les héros voyagent et rencontrent beaucoup d’autres personnages, on peut leur raconter une ou plusieurs histoires. Par ex, l’histoire du marquis des Arcis et de Mme de la Pommeraye racontée à Jacques et à son maître lors de leur voyage par une aubergiste (Jacques le Fataliste, Diderot). Récits à points de vue multiples : parfois chaque chapitre propose un point de vue différent, parfois on alterne une narration à la première personne avec une narration classique de type omnisciente. Ex alternance de récit omniscient et de journal de bord dans Robinson ou les limbes du Pacifiquede Michel Tournier. |
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En quelles circonstances est-il fait ? |
Support fictif et circonstances Exemple typique : Le roman de la momie, de Théophile Gautier, est censé être le contenu d’un papyrus trouvé dans un sarcophage par un lord anglais et un pilleur de tombes professionnel, déchiffré par un savant. Tout le premier chapitre est consacré à cette découverte. L’artifice est souvent employé. Sinouhé l’Egyptien est censé avoir été écrit par le protagoniste en exil sur des rouleaux cachés dans des jarres. Telle nouvelle de Jean Ray (Le gardien du cimetière) se présente d’emblée comme une déposition devant le commissaire de police. Les circonstances modifient notre perception du récit. D’abord sa crédibilité : un récit présenté comme une confession à l’article de la mort paraîtra plus crédible que les élucubrations d’un fou dans un asile. Un récit fait dans la vieillesse, comme le bilan d’une vie, qu’il soit autobiographique (Mémoires d’Outre-tombe) ou fictif (Les mémoires d’Hadrien), apparaîtra tout de suite plus grave, avec des enjeux plus importants, que le journal intime d’une adolescente. Avec de notables exceptions, comme Le journal d’Anne Franck, mais là on n’est pas dans la fiction !
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les fonctions, suite |
b. Fonction impressive. Le texte s’adresse par définition au lecteur, et parfois à une personne, réelle ou fictive, voire à un groupe. Dans but ? Que veut-il obtenir, quel effet sur l’émotion ou l’intellect du lecteur ? |
Repérez les marques de la deuxième personne et identifiez le ou les destinataires, en plus du public (apostrophé ou non ?) Le texte joue-t-il sur les sentiments ou le raisonnement ? Cherche-t-il à faire honte, pitié, à susciter de l’indignation, à maintenir un suspense ? Est-on dans le registre tragique, pathétique, dramatique, humoristique ? Est-ce un texte d’idées ? Cherche-t-on à modifier le point de vue du lecteur ? De quelle manière ? Le but est-il explicite ou non ? Repérez les champs sémantiques (pas lexicaux !) les mots évoquent –ils plutôt l’abstrait, ou le concret ? Ont-ils une connotation positive ou négative ? Soyez très attentifs à la syntaxe et aux outils logiques (conjonctions, adverbes) ainsi qu’aux modalisateurs. Observez le temps des verbes, et leur mode ! Analysez la construction du raisonnement L’auteur montre-t-il directement son point de vue ou procède-t-il a contrario, en rendant odieux le point de vue ou l’attitude qu’il combat ? Est-on dans le registre polémique ?
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Distinguez bien les deux types de destinataires : le destinataire extra-diégétique (le lecteur) et le destinataire intra-diégétique (interlocuteur fictif, groupe d’auditeurs d’un conteur, lecteurs d’un testament, narrateur premier qui va découvrir en même temps que le lecteur une expérience vécue ou une histoire entendue par le narrateur second, etc)parfois ces destinataires intermédiaires sont de simples relais, parfois le récit a un rôle à jouer vis-à-vis d’eux. Par ex, dans l’exemple de La chèvre de Monsieur Seguin, Daudet est censé faire la leçon à un certain « Gringoire » (archétype du poète misérable) qui refuse un poste stable pour se consacrer à son art.Dans un autre conte, de Maupassant, un homme raconte à un autre l’histoire du testament de sa mère pour mettre à l’épreuve son amitié : résistera-t-elle à la révélation qu’il est un enfant adultérin ? Evidemment, au-delà de ce but fictif, les auteurs cherchent soit à faire passer un message (moins souvent qu’on ne le croit !) soit à susciter une émotion, et de la nature de cette émotion dépendent certains registres, comique, tragique, dramatique, pathétique, satirique, etc. On n’est pas forcé d’exprimer une émotion pour la faire ressentir : par exemple la froideur des récits de Voltaire, notamment Candide, est censée susciter chez le lecteur l’indignation que l’écrivain s’interdit d’exprimer. La mort des personnages est évidemment un moment privilégié d’émotion, donc de pathétique, un affrontement, une lutte, une course contre la montre, etc, un moment dramatique… etc Après, il restera à analyser quels MOYENS sont employés pour produire un certain effet, mais là on entre dans la fonction poétique du langage. |
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Les fonctions, suite |
c. Fonction référentielle. Il faut toujours, bien sûr, se demander de quoi parle un texte. Mais en littérature il faut bien distinguer ce qui est là au premier degré (par exemple dans une description) de ce qui est là dans la pensée ou le discours de quelqu’un, et enfin de ce qui n’est là que métaphoriquement, mais là on entre dans la dimension poétique du texte. Voir ci-dessous, d |
Tentez déjà de faire un résumé du texte. Puis identifiez DE QUOI il est question. En gros, un texte extrait d’un roman ou d’une nouvelle peut contenir : De la narration : certaines choses se passent, soit du fait des personnages, soit spontanément. Par ex, dégâts d’un orage ou d’une inondation.
Du dialogue : équivalent des bulles dans la BD, avec cette variante
caractéristique du récit : le discours indirect et le discours indirect libre. Du ressenti et de la méditation : en focalisation interne ou omnisciente,
on nous informe sur les sensations, les sentiments et les pensées des ou du personnage. Et bien sûr les fameux champs lexicaux, mais attention à ne pas confondre les objets du discours qui sont « réellement » là et ceux qui ne sont là que métaphoriquement. Par ex, genou et coude désignant une machine sont métaphoriques, ils ne le sont pas si on parle d’un corps humain.
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Dans la narration, veillez au temps des verbes, à leur fréquence, o la façon dont les actions sont décrites, en résumé ou détaillées, par exemple. Avec pudeur ou force détails. Etudiez surtout la gestion du temps et de la durée, ainsi que de l’espace. Le cinéma procède par ellipses. La littérature peut résumer en une phrase dix ans ou étaler sur une page cinq secondes de la vie d’un personnage. De même, à la différence du théâtre, qui a toujours du mal à gérer l’espace, elle peut concentrer l’action dans une pièce ou l’étaler aux dimensions de l’univers. Dans le cas d’une description, que ce soit en poésie ou dans un roman, on a tout intérêt à imaginer le texte comme une peinture ou mieux encore un film : dans quel ordre décrit-on ? De près, de loin (du gros plan au plan général) ? Zoom ? Travelling ? Premier plan, arrière plan ? Lumières ? Couleurs ? Matières ? Eléments de paysage ? Météorologie ? Cosmologie ? Architecture ? etc. Quels éléments sont privilégiés, lesquels manquent ? Car ce qui manque est aussi important que ce qui est dit. Par ex on ne sait rien de l’aspect physique du Candide de Voltaire, et en général le 18ème siècle ne décrit rien, pas plus les lieux que les personnes. Les descriptions de vingt pages sont une manie des auteurs du 19ème, et d’eux seuls. Dans le cas du dialogue, voir d’abord de quel type, puis comment il s’adapte à chaque personnage, quel niveau de langue, quelles informations sont données, pourquoi l’auteur passe-t-il par un dialogue à ce moment précis, etc Ressenti et méditation : identifier et distinguer sensations, sentiments, pensées. Observer quels mots les désignent, se demander pourquoi et comment l’auteur en parle. Pourquoi nous donne-t-il ces éléments ? Noter aussi le refus d’entrer dans la pensée d’un personnage, de nous le rendre énigmatique
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Objectif : garder une trace de toutes les lectures (œuvres intégrales ou extraits) pour avoir des références et/ou les utiliser dans les compositions littéraires.
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Très bref résumé (suivre schéma narratif ou dramatique)
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Procédés littéraires remarquables
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Vocabulaire clé
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Vocabulaire découvert
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Première phrase de l’incipit / dernière de l’excipit
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Citation marquante
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Biographie très brève / réception de l’œuvre / contexte historique |
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Quelques étapes dans
l’histoire du théâtre
Le théâtre est un art et, comme tous les arts, il est pris dans une histoire. On ne fait pas du théâtre aujourd’hui comme on le faisait dans l’Antiquité, ni même comme aux temps de Shakespeare ou de Molière. En nous limitant au théâtre européen, nous allons évoquer quelques étapes et périodes importantes.
I. Aux sources du théâtre, dans la Grèce antique
Il semble bien que le théâtre occidental soit né en Grèce, à l’occasion de cérémonies religieuses dédiées à… Dionysos. On y chantait en chœur un « dithyrambe » en l’honneur du dieu, cependant qu’on sacrifiait un bouc.
Vers le VIe siècle avant J.C. le dispositif se raffina : un soliste se mit à chanter en dialogue avec le chœur ; le jour où le soliste se mit à incarner un personnage de l’histoire — ce fut, dit la légende, l’idée d’un certain Thespis qui jouait, masqué, ce personnage— ce chant (oidè) du bouc (tragos) donna naissance à la tragédie (et au théâtre).
Un siècle plus tard le spectacle avait bien évolué : les théâtres étaient de grands amphithéâtres de plein air où pouvaient se réunir des milliers de personnes (12000 à Epidaure, théâtre construit au IIIe s. av. J.C. dont je vous montre la photo). Les pièces, à moitié parlées et à moitié chantées, étaient constituées d’épisodes alternant avec des chants du chœur, qui occupait une piste circulaire, l’orchestra, et dont le chef, le coryphée, dialoguait parfois avec les personnages. Au centre de l’orchestra subsistait, sous une forme parfois symbolique, l’autel du dieu (Asclépios à Epidaure).
Face au chœur, les acteurs, évoluant sur le proskenion, parés de beaux costumes, étaient munis de masques faisant porte-voix, et chaussés sur de grands cothurnes en bois. Sur le toit du bâtiment appelé skènè figurait parfois un theologeion, praticable où évoluaient les personnages de dieux.
De grands auteurs introduisirent des innovations : Eschyle porta à deux le nombre d’acteurs, pouvant jouer chacun plusieurs rôles ; Sophocle à trois ; il introduisit aussi les décors peints en complément du bâtiment immuable de la skènè. Enfin Euripide fit intervenir des éléments de machinerie.
Le théâtre n’était pas permanent, mais joué à l’occasion de festivals liés aux fêtes religieuses. Aux Grandes Dionysies toute la ville d’Athènes se retrouvait au théâtre, où était organisé un concours depuis les années -530. Plusieurs auteurs présentaient une tétralogie : trois tragédies, et un « drame satyrique » de ton plus léger et parodique, dont le chœur représentait une troupe de satyres. Des concours de comédies furent aussi institués à partir de -440 environ. Le théâtre était une cérémonie religieuse et civique, financée par les citoyens riches. Le prix des places était dérisoire et dégressif.
De cette période il nous reste des tragédies d’Eschyle, Sophocle et Euripide et des comédies d’Aristophane, ainsi qu’un drame satyrique et demi et quelques fragments.
II. Le théâtre dans l’Angleterre élisabéthaine
Pendant le haut Moyen-Âge le théâtre disparaît pratiquement. Les genres antiques, comédie et tragédie, ne sont plus pratiqués. Il renaît à l’initiative de l’Église qui fait représenter des Mystères (religieux) et des Moralités.
Mais l’Humanisme de la Renaissance redécouvre le théâtre antique et bientôt apparaissent les premières compagnies professionnelles. Intéressons-nous au cas de l’Angleterre de la fin du XVIe siècle. C’est le règne d’Elizabeth Iere, aussi parle-t-on de théâtre élisabéthain.
Il y a à l’époque plusieurs théâtres à Londres : ce sont des bâtiments circulaires à ciel ouvert, comme en témoigne ce dessin de 1596 dû à un voyageur hollandais : le public se tient debout au parterre ou sur les balcons qui entourent la scène (proscenium), carrée, coiffée d’un dais solide supporté par des colonnes, et au fond de laquelle le mur du bâtiment principal est porteur de deux portes et d’une galerie praticable. Le dais est lui-même coiffé d’un étage couvert d’une toiture, en continuité avec le bâtiment principal, permettant peut-être de représenter des lieux élevés.
Ce décor était valable pour toutes les pièces : le plafond du dais représentait le ciel. Tout au plus particularisait-on les lieux par l’ajout de quelques meubles et accessoires symboliques. Attachez un fagot de bois à chaque colonne, et voici que la scène représente une forêt. On jouait en plein jour, mais un acteur se promenant avec une torche signifiait par là qu’il faisait nuit… Le spectacle comptait de toutes façons beaucoup sur l’imagination des spectateurs. Et dès lors l’écriture des pièces était extrêmement libre, ne dépendant que très peu de contraintes techniques. Si l’on distinguait tragédies et comédies, les registres les plus variés, les vers et la prose, se mêlaient dans la même pièce voire dans la même scène pour renouveler l’intérêt du spectateur.
Le texte était déclamé par les acteurs de façon emphatique et spectaculaire, et leur gestuelle en partie codée ; mais ils devaient s’adapter à un public pas forcément très bien élevé et qui n’hésitait pas à intervenir ou commenter à voix haute. Il n’y avait pas d’actrices professionnelles ; les rôles de jeunes femmes étaient joués par des adolescents ; cela explique le petit nombre de rôles féminins dans les pièces de Shakespeare.
Détruit par un incendie en 1613, le théâtre de Shakespeare (théâtre du Globe) a été rebâti à la fin du XXe siècle et accueille des représentations depuis 1997.
III. Le théâtre en France à l’époque de Molière
Le théâtre s’est aussi professionnalisé en France au début du XVIIe siècle et, ajoutons-le, féminisé : c’est de cette époque que date la mauvaise réputation des comédiennes…
En province les troupes sont généralement itinérantes, même si elles peuvent rester pendant plusieurs semaines dans certaines grandes villes. Les rentrées d’argent étant irrégulières, elles cherchent à se faire patronner par de grands personnages ; ainsi la troupe de Molière, séjournant en province, sera quelque temps parrainée par le prince de Conti, cousin du roi.
À Paris il y a un seul théâtre permanent au début du siècle, celui de l’Hôtel de Bourgogne. En 1634 le théâtre du Marais s’installe définitivement : c’est là que sera créé le Cid de Corneille. La troupe de Molière se fixe à Paris en 1658 et partage une salle avec les comédiens italiens, à l’Hôtel du Petit-Bourbon puis dans la salle du Palais-Royal. Entre parenthèses, aujourd’hui, il y a 200 théâtres permanents à Paris, sans compter la banlieue.
Ces théâtres sont les salles de bal d’anciens hôtels particuliers ou d’anciennes salles de jeu de paume. Ce sont des salles fermées qu’on éclaire à la chandelle. Il faut changer ces chandelles régulièrement, ce qui impose plus ou moins la durée d’un acte, et explique que nombre de pièces classiques aient des durées assez comparables. Le théâtre du Palais-Royal est la seule salle bâtie spécialement, ce qui permet à Molière d’y représenter facilement des « pièces à machines », c’est-à-dire faisant appel à une machinerie complexe pour des effets spéciaux, comme Dom Juan.
Elles sont tout en longueur ; il y a quelques gradins au fond et des loges sur les côtés. L’ouverture de la scène est assez étroite, et l’espace dont disposent les comédiens est encore restreint par la présence sur les côtés de la scène, à partir du succès du Cid, de bancs pour des spectateurs de la noblesse : le théâtre est une occasion sociale et on y va parfois pour se faire voir autant que pour voir soi-même. Par contre la scène est extrêmemet profonde, ce qui permet de faire de beaux décors sur plusieurs plans, avec une perspective.
Le jeu des acteurs est extrêmement stylisé ; ils font généralement face au public pour être bien éclairés ; leurs gestes et leurs postures signifient les passions et la position sociale des personnages ; le texte est déclamé, surarticulé avec une prononciation un peu archaïsante, et avec des effets de voix qui cherchent l’expressivité plus que le réalisme.
Si dans la comédie les costumes signifient le rang social des personnages, dans la tragédie les comédiens font, pour la même raison, assaut d’élégance ; souvent ils récupèrent les habits de grands personnages. Il n’y a aucune tentative de proposer des costumes historiquement crédibles, même lorsque la pièce se passe dans l’Antiquité.
Passage du Bourgeois gentilhomme de Molière,
mis en scène par Benjamin Lazar en 2004 dans les conditions du XVIIe siècle
IV. Le théâtre moderne et l’ascension des metteurs en scène
Au XIXe siècle le théâtre se joue dans des bâtiments conçus spécialement ; une bonne partie des théâtres parisiens datent de cette époque, même s’ils ont connu des rénovations depuis. [Illustrations : extérieur et intérieur du théâtre de l’Odéon à Paris] On les éclaire d’abord à la lampe à huile, puis au gaz, ce qui ne permet pas encore d’éclairages sophistiqués, mais la scène « à l’italienne » ressemble à celle qu’on utilise toujours de nos jours, avec ses cintres, ses trappes et ses coulisses ; la plupart des spectateurs sont désormais assis ; le public fortuné recherche les loges ; les balcons les plus hauts sont réservés aux places à tarif réduit — on voit moins bien… et il faut se mettre debout.
A partir de la fin du XVIIIe siècle le caractère mondain du théâtre a petit à petit commencé à décliner, lorsque les bancs du public ont été supprimés sur la scène de la Comédie-Française ; et aujourd’hui on ne met plus de beaux habits que pour aller à l’Opéra.
Les décors, les accessoires, les costumes (grâce notamment, en France, aux efforts de l’acteur François-Joseph Talma) ont gagné en réalisme. Le jeu des comédiens évolue vers plus de naturel, à la grande satisfaction des auteurs romantiques. Si la plupart des troupes font diriger les répétitions par un acteur expérimenté, lors des créations de pièces nouvelles, les auteurs essaient d’imposer leurs vues aux comédiens, et cela peut tourner au choc des ego. On remarque d’ailleurs, au XIXe siècle, l’inflation du nombre des didascalies dans les textes de théâtre.
À la fin du siècle, la fonction de metteur en scène prend une importance nouvelle en raison même des choix rendus nécessaires par les nouveaux moyens techniques. André Antoine en France ou Stanislavski en Russie poussent très loin la recherche de réalisme, dans la réalisation scénique comme dans la direction des comédiens : ils sont contemporains de Zola... De façon intéressante, une réaction se profile alors : Aurélien Lugné-Poe ou Vsevolod Meyerhold poussent au contraire vers une plus grande stylisation. L’allemand Bertolt Brecht, également auteur, utilise cette stylisation pour créer une « distanciation » permettant au spectateur de réfléchir sur ce qu’il voit sans se laisser fasciner.
A partir de la seconde moitié du XXe siècle, il arrive même que le metteur en scène devienne l’auteur complet du spectacle : sans se baser sur un texte préexistant, il construit le spectacle à partir de choix scéniques et du travail des répétitions, et en fixe le déroulement et les dialogues, avec parfois la collaboration des acteurs (on parle alors de « création collective »). Citons le Living Theatre des Américains Julian Beck et Judith Malina, ou les Polonais Jerzy Grotowski et Tadeusz Kantor, la Française Ariane Mnouchkine (qui monte aussi des « classiques » régulièrement).
Dans des théâtres qui se dotent progressivement de tous les moyens modernes, les metteurs en scène ont de plus en plus de possibilités techniques à leur disposition : éclairage directionnel, scènes tournantes, artifices divers, et aujourd’hui projection vidéo. [Illustration : Perturbation au théâtre de la Colline.] Les théâtres bâtis ces dernières décennies atténuent la séparation entre la scène et la salle, volontiers disposée en amphithéâtre où seule la distance d’avec l’espace de jeu est inégalitaire. Certains metteurs en scène ayant proposé des spectacles dans des espaces non normés (carrières, usines, arènes…), les salles se font de plus en plus modulables. [Illustrations : Cour d’honneur du Palais des Papes, 1789 ou L’Âge d’or à la Cartoucherie, Le Mahabharata à Avignon, Lear aux Ateliers Berthier…]