Objet d’Etude : Ecriture poétique et quête du sens

Séquence n°6 : Mélancolie du poète dans la ville

Problématiques :

Comment les topoi de la poésie sont intégrées dans la ville moderne.

Quels espaces intérieurs et extérieurs la poésie moderne redessine-t-elle ?

Thèmes :

-       L’intégration des sentiments anciens dans la ville moderne

-       La modernisation de l’expression de la mélancolie.

 

 

 

Lectures analytiques : 

 

 

1/ Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « le Crépuscule du soir »

2/ Aragon, « le Paysan de paris Chante »

 

 

 

 

Documents complémentaires :

 

1/ Apollinaire, Le pont Mirabeau

2 Apollinaire, Alcools, « la chanson du mal aimé »

3/ Baudelaire, Les fleurs du mal, le Cygne

4/ Charles Dantzig Dictionnaire égoïste de la littérature française, article sur la poésie

5/ Analyse d’image : Hopper

Séquence n°7 : La ville et le poème modernes

Problématique :

Comment se dessine une poésie plus libérée formellement et liée à une perception innovante du nouveau visage de la ville moderne ?

Thèmes :

-  Evolutions et ruptures du genre poétique

-  Contextualisations

-  Interroger le monde dans un usage de la langue réinventé

Lectures analytiques : 

 

 

Groupement 2 : Ville moderne

1/ Rimbaud Les villes II

2/ Cendrars, Contrastes

 

Documents complémentaires :

 

 Documents complémentaires : la nostalgie de l’ancien 

1/ Paul Verlaine, Croquis parisiens

 2/ Baudelaire, Tableaux parisiens, Paysage

3/ Apollinaire, Zones

Analyse d’image : Sonia Delaunay, visions fragmentées de la tour Eiffel, illustrations de la Prose du transsibérien.

 

 

 

 

 

 

 

 

-        

 

 

 

 Activités complémentaires : travaux sur corpus :

Objectifs :

1. se constituer une réserve d’exemples en vue de la dissertation

Sujet : Dissertation : la poésie ne sert-elle qu’à l’expression des sentiments personnels ?

 

 

Corpus :

  1.  l’inspiration poétique

1.Ronsard : « ode à la muse Calliope »

2. Du Bellay : «  las ! où est maintenant ce mépris de fortune ? »

3. Baudelaire : «  la muse malade »

 

Etude de l’image. Paris et la peinture.

 

En relation avec l'histoire des arts, un choix de textes et de documents permettant de mettre en évidence les relations entre la poésie et d'autres arts, à une époque donnée ou dans le cadre d'un mouvement esthétique particulier. On privilégiera l'étude de mouvements qui marquent des étapes dans la revendication d'un renouveau esthétique.

 

 

  • Planche I : Paris et l’industrialisation ( 9 images)

    Caillebotte
     :

 

Essayez par le personnages d’identifier ses peintures.

 

Quelle vision de la ville propose-t-il ?

 

Quel type de population la fréquente ?

 

Connaissez vous l’architecte qui a ainsi rénové la ville ?

 

 

De quel type de peinture s’agit-il ?

 

Egon Schiele :

 

Quelles sont les différences avec caillebotte ?

 

Comment la ville st-elle présentée ici ?

 

Etudiez la différence par rapport aux lignes et aux toits.

 

 

  • Planche II : Au café : Van Gogh, Toulouse Lautrec, Degas ( 9 images)

 

Quel est le point commun entre ces tableaux ?

 

Quelles sont les activités de ces personnages ?

 

Tristesse et joie : montrez comment le tableau met en valeur par l’environnement et les couleurs l’état intérieur de ces personnages au café.

 

Comment la fête et la fantaisie sont-elles exprimées ici ?

 

Choisissez un tableau que vous préférez et dites pourquoi.

 

 

Reconnaissez-vous le style de Van Gogh et de Toulouse Lautrec ?

 Planche III : Figurations de la tour Eiffel, la ville, la peinture et la modernité :

 

Sonia et Robert delaunay, Blaise Cendrars, Seurat, Chagall (8 images)

 

Comparez les styles de figuration de la tour Eiffel selon les angles suivants :

 

- la place de la tour Eiffel dans la tableau, sa proportion

 

- son intégration dans la ville

 

- les couleurs utilisées et les formes employées

 

 

- le point de vue adopté, l’effet recherché

 

 

 

 

  • Planche IV : modernité en peinture (autre approche) ( 6 images)

 

- d’après certains tableaux, quels états humains inspirent la ville ? comment les habitants trouvent-ils leur place dans la ville ?

 

-en quoi peut-on dire que la ville est déconstruite par le regard ? 

 

 

Lecture analytique 1. Baudelaire Crépuscule du soir

 

 Voici le soir charmant , ami du criminel ;

Il vient comme un complice, à pas de loup ; le ciel

Se ferme lentement comme une grande alcôve,

Et l’homme impatient se change en bête fauve.

 

O soir, aimable soir, désiré par celui

Dont les bras sans mentir peuvent dire : Aujourd’hui

Nous avons travaillé ! – c’est le soir qui soulage

Les esprits que dévore une douleur sauvage,

Le savant obstiné dont le front s’alourdit,

Et l’ouvrier courbé qui regagne sot lit.

Cependant les démons malsains dans l’atmosphère

S’éveillent lourdement comme des gens d’affaire,

Et cognent en volant les volets et l’auvent.

A travers les leurs que tourmente le vent

La prostitution s’allume dans les rues ;

Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ;

Partout elle se fraye un occulte chemin,

Ainsi que l’ennemi qui tente un coup de main ;

Elle remue au sein de la cité de fange

Comme un vers qui dérobe à l’homme ce qu’il mange.

On entend çà et là les cuisines siffler, 

Les théâtres glapir, les orchestres ronfler ;

Les tables d’hôte, dont le jeu fait les délices,

S’emplissent de catin et d’escrocs, leurs complices,

Et les voleurs, qui n’ont ni trêve ni merci,

Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,

Et forcer doucement les portes et les caisses

Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.

 

Recueille toi mon âme en ce grave moment

Et ferme ton oreille à ce rugissement.

C’est l’heure où les douleurs des malades s’aigrissent !

La sombre nuit les prend à la gorge ; ils finissent

Leur destinée et vont vers le gouffre commun

L’hôpital se remplit de leurs soupirs.- plus d’un

Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,

Au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée.

Encore la plupart n’ont-ils jamais connu

La douceur du foyer et n’ont jamais vécu !

 

Baudelaire, «  Tableaux parisiens «  XCVI , les fleurs du Mal

LA PAYSAN DE PARIS CHANTE (EXTRAIT), PAR ARAGON.

 
Comme on laisse à l’enfant pour qu’il reste tranquille
Des objets sans valeur traînant sur le parquet
Peut-être devinant quel alcool me manquait
Le hasard m’a jeté des photos de ma ville
Les arbres de Paris ses boulevards ses quais

Il a le front chargé d’un acteur qu’on défarde
Il a cet œil hagard des gens levés trop tôt
C’est pourtant mon Paris sur ces vieilles photos
Mais ce sont les fusils des soldats de la Garde
Si comme ces jours-ci la rue est sans auto

L’air que siffle un passant vers soixante dut plaire
Sous les fers des chevaux les pavés sont polis
Un immeuble m’émeut que j’ai vu démolí
Cet homme qui s’en va n’est-ce pas Baudelaire
Ce luxe flambant neuf la rue de Rivoli

J’aime m’imaginer le temps des crinolines
Le Louvre étant fermé du côté Tuileries
Par un château chantant dans le soir des soieries
Les lustres brillaient trop à minuit pour le spleen
Le spleen a la couleur des bleus d’imprimerie

Il se fait un silence à la fin des quadrilles
Paris rêve et qui sait quels rêves sont les siens
Ne le demandez pas aux académiciens
Le secret de Paris n’est pas au bal Mabille
Et pas plus qu’à la cour au conseil des Anciens

Paris rêve et jamais il n’est plus redoutable
Plus orageux jamais que muet mais rêvant
De ce rêve des ponts sous leurs arches de vent
De ce rêve aux yeux blancs qu’on voit aux dieux des fables
De ce rêve mouvant dans les yeux des vivants

Paris rêve et de quoi rêve-t-il à cette heure
Quelle ombre traîne-t-il sur sa lumière entée
Il a des revenants pis qu’un château hanté
Et comme à ce lion qui rêve du dompteur
Le rêve est une terre à ce nouvel Antée

Paris s’éveille et c’est le peuple de l’aurore
Qui descend du fond des faubourgs à pas brumeux
Ils semblent ignorer ce qui déjà les meut
L’air a lavé déjà leurs grands fronts incolores
Des songes mal peignés y pâlissent comme eux

Qui n’a pas vu le jour se lever sur la Seine
Ignore ce que c’est que ce déchirement
Quand prise sur le fait la nuit qui se dément
Se défend se défait les yeux rouges obscène
Et Notre-Dame sort des eaux comme un aimant

Qu’importe qu’aujourd’hui soit le Second Empire
Et que ce soit Paris plutôt que n’importe où
Tous les petits matins ont une même toux
Et toujours l’échafaud vaguement y respire
C’est une aube sans premier métro voilà tout

Toute aube est pour quelqu’un la peine capitale
À vivre condamné que le sommeil trompa
Et la réalité trace avec son compass
Ce triste trait de craie à l’orient des Halles
Les contes ténébreux ne le dépassent pas

Paris s’éveille et moi pour retrouver ces mythes
Qui nous brûlaient le sang dans notre obscurité
Je mettrai dans mes mains mon visage irrité
Que renaisse le chant que les oiseaux imitent
Et qui répond Paris quand on dit liberté

Il ne m’est Paris que d’Elsa, Paris, Robert Laffont, 1964. Réédition chez Seghers en 2005.

lecture par Jean-Louis Barrault

 

http://dormirajamais.org/la-paysan-de-paris-chante/

Le Pont Mirabeau

Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Texte 2, Baudelaire, Tableaux Parisiens. «  Paysage »

LXXXVI - Paysage

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.

II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

LA 3, Apollinaire, Alcool, la chanson du mal aimé, extrait  de «  voie lactée ô sœur lumineuse »

 

« (…)  Juin ton soleil ardente lyre

Brûle mes doigts endoloris

Triste et mélodieux délire

J’erre à travers mon beau Paris

Sans avoir le cœur d’y mourir

 

Les dimanches s’y éternisent

Et les orgues de barbarie

Y sanglotent dans les cours grises

Les fleurs aux balcons de Paris

Penchent comme la tour de Pise

 

Soirs de Paris ivres du gin

Flambant de l’électricité

Les tramways feux verts sur l’échine

Musiquent au long des portées

De rails leurs folies de machines

 

Les cafés gonflés de fumée

Crient tout l’amour de leurs tziganes

De tous leurs siphons enrhumés

De leurs garçons vêtus d’un pagne

Vers toi toi que j’ai tant aimée

 

Moi qui sais des lais pour les reines

Les complaintes de mes années

Des hymnes d’esclave aux murènes

La romance du mal-aimé

Et des chansons pour les sirènes »

LA 4 .  

Texte n°10 :  Rimbaud, Arthur, Villes II

                                                                                               

L'acropole officielle outre les conceptions de la barbarie moderne les plus colossales. Impossible

d'exprimer le jour mat produit par le ciel immuablement gris, l'éclat impérial des bâtisses, et la

neige éternelle du sol. On a reproduit dans un goût d'énormité singulier toutes les merveilles

classiques de l'architecture. J'assiste à des expositions de peinture dans les locaux vingt fois plus

vastes qu'Hampton Court. Quelle peinture ! Un Nabuchodonosor norvégien a fait construire les

escaliers des ministères ; les subalternes que j'ai pu voir sont déjà plus fiers que des Brahmans et

j'ai tremblé à l'aspect de colosses des gardiens et officiers de constructions. Par le groupement

des bâtiments en squares, cours et terrasses fermées, on a évincé les clochers. Les parcs

représentent la nature primitive travaillée par un art superbe. Le haut quartier a des parties

inexplicables : un bras de mer, sans bateaux, roule sa nappe de grésil bleu entre des quais

chargés de candélabres géants. Un pont court conduit à une poterne immédiatement sous le dôme

de la Sainte-Chapelle. Ce dôme est une armature d'acier artistique de quinze mille pieds de

diamètre environ.

 

Sur quelques points des passerelles de cuivre, des plates-formes, des escaliers qui contournent les

halles et les piliers, j'ai cru pouvoir juger la profondeur de la ville ! C'est le prodige dont je n'ai pu

me rendre compte : quels sont les niveaux des autres quartiers sur ou sous l'acropole ? Pour

l'étranger de notre temps la reconnaissance est impossible. Le quartier commerçant est un circus

d'un seul style, avec galeries à arcades. On ne voit pas de boutiques. Mais la neige de la chaussée

est écrasée ; quelques nababs aussi rares que les promeneurs d'un matin de dimanche à Londres,

se dirigent vers une diligence de diamants. Quelques divans de velours rouge : on sert des

boissons polaires dont le prix varie de huit cents à huit mille roupies. A l'idée de chercher des

théâtres sur ce circus, je me réponds que les boutiques doivent contenir des drames assez

sombres. Je pense qu'il y a une police, mais la loi doit être tellement étrange, que je renonce à

me faire une idée des aventuriers d'ici.

 

Le faubourg aussi élégant qu'une belle rue de Paris est favorisé d'un air de lumière. L'élément

démocratique compte quelques cent âmes. Là encore les maisons ne se suivent pas ; le faubourg

se perd bizarrement dans la campagne, le "Comté" qui remplit l'occident éternel des forêts et des

plantations prodigieuses où les gentilshommes sauvages chassent leurs chroniques sous la

lumière qu'on a créée.

 

Rimbaud,

llluminations, 1875

Lecture analytique 5, Blaise Cendrars : CONTRASTES  

 

 

 

 

 

 

Les fenêtres de ma poésie sont grandes ouvertes sur les boulevards et dans ses vitrines

Brillent

Les pierreries de la lumière

Ecoute les violons des limousines et les xylophones des linotypes

Le pocheur se lave dans l’essuie main du ciel

Tout est tâches de couleur

Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l’incendie du soir

 

L’unité

Il n’y a plus d’unité

Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures après avoir été retardées de dix minutes

Il n’y a plus de temps.

Il n’y a plus d’argent.

A la chambre

On gâche les éléments merveilleux de la matière première.

 

Chez le bistro

Les ouvriers en blouse bleue boivent du vin rouge

Tous les samedis poule au gibier

On joue

On parie

De temps en temps un bandit passe en automobile

Ou un enfant joue avec l’Arc de triomphe…

Je conseille à M. Cochon de loger ses protégés à la tour Eiffel.

 

Aujourd’hui

Changement de propriétaire

Le saint esprit se détaille chez les petits boutiquiers

Je lis avec ravissement les bandes de calicot

De coquelicot

Il n’y a que les pierres ponces de la Sorbonne qui ne sont jamais fleuries

L’enseigne de la Samaritaine laboure par contre la Seine

Et du côté de Saint-Séverin

J’entends

Les sonnettes acharnées des tramways

 

Il pleut les globes électriques

Montrouge Garde de l’Est Metro Nord-Sud bateaux-mouches monde

Tout est halo

Profondeur

Rue de Buci on crie l’Intransigeant  et Paris-Sports

 L’aérodrome du ciel est maintenant, embrasé, un tableau de Cimabue

Quand par devant

Les hommes sont

Longs

Noirs

Tristes

Et fument, cheminées d’usine.

 

octobre 1913, Blaise Cendrars, «  Dix-neuf poèmes élastiques », in Du monde entier,

Texte complémentaire 1 : 

             La poésie est l’art littéraire le plus arriéré. (…) ce n’est pas la station debout permanente qui a séparé l’homme du singe, c’est la poésie. Un jour, un velu à front bas, cessant de se gratter les aisselles, a grimpé sur un rocher et , indifférent aux barrissements des diplodocus, en bas, a chanté : «  Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui …»

            La poésie n’existe pas à l’état naturel. Loin d'être un fait qui préexisterait à l’homme et que celui-ci découvrirait, elle est sa création et son triomphe. Quand Balzac parle de poésie du commerce , ce n’est pas qu’elle s’y trouve, c’est qu’il l’y met. Sa sensibilité lui fait transfigurer certains éléments du commerce que els autres ne regardaient même pas. La poésie est la forme supérieure de l’imagination. C’est pour cela qu’on la croit apparentée à la divination.

             Or, elle n’a rien à voir avec la Pythie, les mystères d’Eleusis, (…). La poésie, c’est du travail. Il en résulte un chant faisant croire qu’elle se passe dans le ciel. Le poète marche sur une corde. Elle est posée par terre.

              La poésie ne se trouve pas que dans les vers. Elle est où le talent la met. La poésie est le résultat de toute bonne littérature.

               La poésie est précision. Un poème qui utilise les mots « âme », « quintessence » ou « ineffable » est probablement un poème malhonnête. Loin de chercher à enfumer la connaissance par des mots vagues et intimidants, la poésie la perfectionne. La poésie sert à mieux voir, et plus vite.

 

                                                 Charles Dantzig. Dictionnaire égoïste de la littérature française.

Texte Complémentaire 2 :  Rimbaud,  une Saison en Enfer :

 

« A quatre heures du matin, l’été,

Le sommeil d’amour dure encore

Sous les bocages s’évapore

L’odeur du soir fêté.

 

Là-bas, dans leur vaste chantier

Au soleil des Hespérides

Déjà s’agitent- en bras de chemise

- les charpentiers.

 

 Dans les déserts de mousse, tranquilles,

Ils préparent des lambris précieux

Où la ville

Peindra de nouveaux cieux

 

O pour ces ouvriers charmants,

Sujets d’un roi de Babylone,

Vénus ! quitte un instant ces amants,

Dont l’âme est en couronne.

 

O Reine des bergers,

Porte aux travailleurs l’eau de vie,

Que leurs forces soient en paix

En attendant le bain de mer à midi

Texte complémentaire 3 , Nerval : les nuits d’octobre. XV, Paul Niquet

 

Le souper fait, nous allâmes prendre le café et le pousse-café à l’établissement célèbre de Paul Niquet. Il y a là évidemment moins de millionnaires que chez Baratte… les murs, très élevés et surmontés d’un vitrage, sont entièrement nus. Les pieds posent sur des dalles humides. Un comptoir immense partage en deux la salle, et sept ou huit chiffonnières, habituées de l’endroit, font tapisserie sur un banc opposé au comptoir. Le fonds est occupé par une foule assez mêlée, où les disputes ne sont pas rares. Comme on ne peut pas à tout moment aller chercher la garde, le vieux Niquet, si celèbre sous l’empire par ses cerises à l’eau-de-vie, avait fait établir des conduits d’eau très utiles dans le cas d’une rixe violente.

            On les lâche de plusieurs points de la salle sur les combattants, et , si cela ne les calme pas, on lève un certain appareil qui bouche hermétiquement l’issue. Alors l’eau monte, et les plus furieux demandent grâce ; c’est du moins ce qui se passait autrefois.

            Mon compagnon m’avertit qu’il fallait payer une tournée aux chiffonnières pour se faire un parti dans l’établissement en  cas de dispute. C’est du reste, l’usage pour les gens mis en bourgeois. Ensuite, vous pouvez vous livrer sans crainte aux charmes de la société. Vous avez conquis la faveur des dames.

Une des chiffonnières demanda de l’eau de vie.

«  Tu sais bien que ça t’est défendu ! répondit le garçon limonadier. » 

Texte complémentaire 4 : Paul Verlaine : « Croquis parisiens », poèmes saturniens

 

 

 La  lune plaquait ses teintes de zinc

Par angles obtus.

Des bouts de fumée en forme de cinq

Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus

 

La ciel était gris. La bise pleurait

Ainsi qu’un basson.

Au loin, un matou frileux et discret

Miaulait d’étrange et grêle façon.

 

Moi, j’allais, rêvant du divin Platon

Et de Phidias,

Et de Salamine et de marathon,

Sous l’œil clignotant des bleus becs de gaz. 

Explications :

Baudelaire _________  ----------------     Crépuscule du soir

 

 

 Voici le soir charmant , ami du criminel ;personnification, paradoxe : ce qui est ami du criminel n’est normalement pas charmant : c’ets le principe des fleurs du mal, qui donne des qualités à ce qui n’en a pas normalement.le présentatif permet une dramatisation : première apparition du soir,

Il vient comme un complice à pas de loup ; le ciel  qui se poursuit avec une animalisation : son apparition est imperceptible, contre- rejet externe, permet une opposition entre ce qui est bas et qui rase le sol, et ce qui est haut : « le ciel », baud. donne l’espoir d’une montée vers le haut ( cf « paysage », comme les astrologues, ou « élévation » : la montée vers le haut : cf « albatros »)

Se ferme lentement comme une grande alcôve, mais juste après : l’horizon se ferme, on pense davantage au spleen, avec son ciel bas et lourd, mais ici, alcôve, le lit, dimension légèrement plus sensuelle, léger oxymore entre alcôve et grane , puis que l’alcôve est censée être un petit réduit, qui coupe d’une autre pièce, ou une chambre privée : tout Paris devient un bordel !

Et l’homme impatient se change en bête fauve. autre animalisation : l’homme impatient : dimension aussi morale de la poésie de baudelaire : l’homme descend vers son vice parce qu’il lui manquerait comme des vertus cardinales( prudence, tempérance, ect.)poétique de la ptransformation : le ciel deveint un réduit, l’homme une bête : c’est le sens aussi du titre, « crépuscule » : le soir est décrit dans cet aspect de transition : de progressive transformtaion : on pense aussi à un changeent de décor au théâtre «  verwandlung » : qui en allemand signifie autant transformation, métamorphos eet changement de décor.Aspect inchoatif et progressif : la transformation ne s’st pas encore faite, effet un peu «  vampirique » : dimension du roman noir, de l’aspect gothique-romantique. L’homme : dimension générique : tous les hommes : mélange de description précise

Champ lexical du crime : loup, complice, se ferme, criminel, douleur sauvage

              

O soir, aimable soir, désiré par celui changement de tonalité, plus de menace , mais au contraire, énonciation d’une fraternité, noter la ifférence entre aimbale et charmant ( carmen, enchantement, tromperie, alors que aimable : celui qui est réellement digne d’être aimé)

Dont les bras sans mentir peuvent dire : Aujourd’hui retour de la dimension morale : du travail, de la bonne fatigue ( cf Hygiène, Baudelaire rêve du travail qui accomplit l’homme et lui enlève sa culpabilité, le corps qui ne ment pas ,les bras parlent, le sbras : symbolisme du bras ; celuiqui port ela société, qui produit, qui soutient, qui est utile : ( cf : ce bras qui tant de fois a sauvé son empire,) qui mérite une récompense. Le bras implique aussi du coup une collectivité : « nous » : et le travail implique alors tout de suite une récompense : le repos : ce n’est que le travail qui peut donner ce repos de la conscience et cette fatigue du corps.

Nous avons travaillé ! – c’est le soir qui soulage disc direct/ pst vérité générale/ exclamation : l prise de parole permet une affirmation./ allitération «  soir » «  sou » : une incantation ou la recherche d’une formule qui se tient : cf ensuite.

Les esprits que dévore une douleur sauvage, enjambement, allitération «  d », et « d » : on ne sait pas la cause de cette douleur, inflexion vers la tonalité dysphorique : «  soulage «  est le contraire de « sauvage » malgré la rime : et réduplication, insistance de sens entre «  sauvage » , « douleur » et «  dévore »

 

double postulation du poème :

Euphorique

dysphorique

Avons travaillé

Criminel

Soulage

sauvage

Aimable

douleur

Douceur du foyer

dévore

Aimer

Prostitution

 

 

 

 

 

 

Avec deux types de personnages : les criminels et les travailleurs

 

Le savant obstiné dont le front s’alourdit, succession de petits tableaux ( cf Rembrandt)

Et l’ouvrier courbé qui regagne son lit. Parallélisme de la courbure vers le bas : faiblesse des forts qui sont épuisés par leur travail

Cependant les démons malsains dans l’atmosphère  deux actions concommittantes, toujours dans l’aspect progressif, plus métaphore plus tavaillée pour les criminels que pour les tavaillerus, dont l’honnêteté et la transparence semble les éloigner de la modification métaphorique.

S’éveillent lourdement comme des gens d’affaire, contraste

Et cognent en volant les volets et l’auvent. Effet d’intimidation sonore

A travers les lueurs que tourmente le vent effet de clair obscur, de mise ne mouvement, de malédiction : les lumières de la nuit tremblent

La prostitution s’allume dans les rues ; l’être humain, soumis au vice, est programmable comme une enseigne, ou inflammable comme une allumette, le début de la malédiction.

Comme une fourmillière elle ouvre ses issues ; spatialisation du vice et personnification, voire animalisation

Partout elle se fraye un occulte chemin, on peut penser aux cercles d’enfer de Dante, occulte, connotation magique

Ainsi que l’ennemi qui tient un coup de main ; sur le mode de la préparation

Elle remue au sein de la cité de fange  connotation clairement biblique

Comme un vers qui dérobe à l’homme ce qu’il mange. L’air malsain, qui enlève les forces vives des hommes honnêtes

On entend çà et là les cuisines siffler, accumulation, peinture du paris nocturne, cf nerval

Les théâtres glapir, les orchestres ronfler ; sens de l’ouïe

Les tables d’hôte, dont le jeu fait les délices, cf le vers et la pomme : toute une société d eparasites, qui profite de la naiveté des travailleurs

S’emplissent de catins et d’escrocs, leurs complices, répétition du terme complice, c’est le personnel du soir, théâtralisation, et aussi

Et les voleurs, qui n’ont ni trêve ni merci, aspect médiéval, insistance.

Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,  parallélismes, ce n‘est pas un travail, on est au bord de toute cette action

Et forcer doucement les portes et les caisses contraset fermer/ ouvrir

Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.  Précaire, aspect théâtral encore

 

Recueille-toi mon âme en ce grave moment  dimension morale et religieuse, rupture de ton. Peut-être qu’il a été tenté par cette vie, rétrospectivement, tout cela peut être vu comme une argumentation pou rne pas y aller, car il est plus proche de la débauche, souvent, du paradis artificiel que

Et ferme ton oreille à ce rugissement. Veut se préserver de la tentation

C’est l’heure où les douleurs des malades s’aigrissent !

La sombre nuit les prend à la gorge ; ils finissent autre image agressive, encore liée à l’animalité et à l’angoisse

Leur destinée et vont vers le gouffre commun  rôle du rejet

L’hôpital se remplit de leurs soupirs.- plus d’un  la douleur est traduite aussi par cette désarticulation

Ne viendra plus chercher la soupe parfumée, rôle de la nourriture pour ce s interprétations.

Au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée. Cf le balcon, comme description de l’idéal

Encore la plupart n’ont-ils jamais connu

La douceur du foyer et n’ont jamais vécu !  nouvelle définition de ce que signifie la vie 

 

 

- comment décrire la viela nuit ?

- points communs ( contenu) avec nerval, différence ( tonalité + dimension morale quin’ets pas présente chez nerval)

- la description d’un enfer

- comme dans paysage : deux univers s’affrontent

 

·       Aspect théâtral :

 Un lever de rideau

Les changements de décor

Le thème de l’artifice, de la tromperie , du costume

Les rôles imposés : la catin, l’escroc, le voleur, l’ouvrier

 

·       Un poème fondé sur le dédoublement de l’univers :

 

A.     le monde du travail, de la douleur et de l’honnêteté

B.     le monde de la nuit

C.     ambiguïté : ceux qui ont des amis et qui s’amusent sont ceux qui appartiennent au monde de la nuit, alors que le travailleurs souffrent ou ont des douleurs à l’hôpital sans amis.

D.     Conc : des deux côtés : « douleur sauvage », ou «  douleurs » qui «  s’aigrissent » : c’est la condition humaine qui est décrite ici dans son aspect le plus pittoresque voire hallucinatoire, lié inextricablement à la ville.

 

·       Dimension morale du poème :

- champ lexical de la faute : gouffre commun, cité de fange,

 

·       Des humains en mouvement

A.     en interaction avec la ville, leur environnement, les rues

B.     qui sont soumis à la finitude

C.     qui sot transformés par le travail de la métaphore.

 

Ou bien : un univers maléfique.

 

 

Séquence  n°3 : la ville en poésie

Texte N°3 : Baudelaire, « Crépuscule du soir »

Plan de commentaire composé

 

Eléments pour l’introduction :

( rappel de méthode : tout d’abord, présentation du poète et de son recueil) Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes publié par Charles Baudelaire en 1857.Le recueil aurait dû s'appeler « Les Limbes » ; Il y intègre la quasi totalité de sa production poétique depuis 1840. En 1857, au moment de la parution de l’ouvrage,  un procès pour délit d'outrage à la morale publique est intenté contre lui, il est alors contraint de supprimer six pièces. Les «  fleurs du Mal » ( les belles choses qui grandissent sur un terreau mauvais) signifient que Baudelaire a voulu, à partir d’une matière sombre, angoissante ou répugnante, par exemple le spectacle du vice ou de la pauvreté, comme un alchimiste, à partir de cette « boue » « faire de l’or », c’est-à-dire créer une véritable poésie. Ainsi, son œuvre est construite sur un cheminement moral, spirituel et physique, or, le recueil apparaît comme le compte rendu d'une angoissante expérience de la vie. En proie au spleen, cette angoisse si voisine du "mal du siècle" dont souffrirent les premiers romantiques, Baudelaire cherche une issue. Il divise son recueil en six parties : Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du mal, Révolte et La Mort.

(puis situation de l’extrait dans l’œuvre) Ce poème appartient à la section « Les tableaux parisiens », consacrée à la description de la ville de Paris, qui contient des descriptions à la fois réalistes et visionnaires de vieillards, de mendiants, de joueurs, d’escrocs et de prostituées. Il s’inscrit dans une série de poèmes provocateurs et sans compromission qui présentent cependant une vision très moderne de la ville et de ses habitants. Dans ce poème « Crépuscule du soir », il s’agit d’une description alternée entre le monde des criminels qui s’éveille à la tombée de la nuit et celui des travailleurs vertueux dont le sommeil douloureux

 est un avant-goût de la mort.

 

[LECTURE]

 

( enfin, annonce de la problématique …

 Nous pourrions adopter la problématique suivante : Comment Baudelaire tire-t-il parti de la dualité des deux univers dépeints dans ce poème ? Comment met-il en scène ce sentiment ambigu d’attraction et de répulsion à l’égard du Paris nocturne qu’il évoque ?

…et du plan) :

Tout d’abord, nous étudierons séparément les procédés utilisés pour décrire ces deux univers ;Puis, nous verrons comment ce poème est fortement théâtralisé. Enfin, nous analyserons en quoi ce double univers induit une attitude ambiguë de la part du poète.

 

I Un univers intimidant, celui des criminels :

 

A/ Bruits, lumières, mouvements violents

  • le contre-rejet externe : effet de suspense, rendu également possible par ce qui relève de l’aspect progressif( s’éveillent..) + champ lexical de ce qui commence et qui s’ouvre : « allume (…) remue(…), fraye (…)ouvre (…)forcer (…)»
  • des effets de lumière ( cognent en volant les volets et l’auvent)/ ( allume : la lumière se fait artificielle)
  • effets de sons : champs lexicaux du bruit : « glapir », « ronfler » « rugissement » «  cognent les volets » => verbes de mouvement dont le sens va vers de plus en plus de vie, d’activité 
  • contrastes ( lourdement ( pesanteur), démons dans l’atmosphère ( apesanteur))

 

B/des êtres en métamorphose :

 

·      accumulation de métaphores animales ( «  à pas de loup », «  bête fauve » « dévore » «  ver qui dérobe à l’homme ce qu’il mange», «  fourmillière » et de personnifications «

·      emploi du présent progressif

 

C/ une dépréciation morale :

 

·      cf utilisation du vocabulaire biblique « Cité de fange » ( ville du péché)+

·      « gouffre commun »dimension moraliste dupoète qui sait que tous les homme sont voués à la mort( tradition des « vanités »)

·      la prostitution, élevée au rang d’allégorie, à cause de la majuscule, est accusée de parasitisme, puisqu’elle est comparée à un «  vers qui dérobe à l’homme ce qu’il mange »

·      +accusation de gaspillage pour les voleurs, qui volent pour «  vivre quelques jours et vêtir leur maîtresse. »

·      Champ lexical du secret, de l’inavouable mais qui transparaît quand même : » occulte chemin »,

 

 

 

II. l’univers des travailleurs

 

Ils sont séparés du reste par une ligne sautée, puis par un mot de liaison contrastif : « cependant »

 

A/ le vocabulaire de la douleur

  • répétition de la douleur corporelle «  sauvage » «  dévore » la violence est aussi présente mais elle est tournée contre eux. La douleur s’aggrave avec l’expression métaphorique : « la sombre nuit les prend à la gorge » : angoisse progressive qui rappelle certains poèmes du Spleen.
  • « obstiné » et « courbé » sont dérivés de verbes d’action, mais ici, ils sont en figés dans le passé par leu forme participe
  • présence de la pesanteur ( l’orientation des fronts et des dos, courbés, alourdis)
  • On pense à un extrait du poème « Les phares », dans lequel il est question de cette ambiance assez sombre, inspirée du peintre flamand Rembrandt :

 

« Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement; »

 

 

B/ l’inversion de la signification de la nuit

  • Eux ont une temporalité différente dans la mesure où il ne vivent pas en fonction de l’instant, comme les autres ( qui vivent au jour le jour), mais sont soit à la fin de leur vie, comme pour une agonie, et aussi ne font que regretter le temps passé ( cf l’expression » ne plus »))
  • la nuit n’est pas synonyme d’éveil pour eux mais d’avancée vers la mort

la fin du jour = la fin de la nuit

 

C/ une autre signification du bonheur

  • l’atmosphère est plus recueillie, moraliste : ceux qui sont réellement utiles au pays
  • leur bonheur est aussi plus étriqué comme le montre l’idéal de vie tendre au coin du feu.

 

 

 

II. Un poème fortement dramatisé, théâtral :

 

A/personnages et décors

 - l’entrée progressive en scène des personnages, de rôles ( la catin, l’escroc, le voleur) : le personnages sont vêtus, comme les maîtresses des voleurs qu’il faut « vêtir », c aussi pour l’aspect artificiel un autre poème de la même section : « le jeu »

- les jeux sur les éclairages et la montée progressive de la lumière artificielle ( « s’allume », cognent, )

 

B/ revirements et coups de théâtre

- puis après la pause, quand il revient à la description des intérieurs : on observe un changement brusque de ton : après avoir invoqué le soir «  ô soir, aimable soir, … » il s’adresse à son âme «  recueille-toi mon âme en ce grave moment »

 

C/ un poème à déclamer ?

- la présence d’une théâtralisation forte, à cause des présentatifs ( voici ), des apostrophes, des interjections ( ô)

- présence alors d’une éloquence morale (points d’exclamations à la fin) : ce poème pourrait être déclamé !

 

 

 

III. Une manière dédoublée

 

La présence de ces deux univers concurrents induit un dédoublement dans les intentions de parole du poète, ainsi que dans sa manière de décrire la ville et ses habitants.

 

A/ une attitude ambiguë du poète à l’égard de ces mondes : fascination/répulsion pour le monde des criminels ; compassion et description sans compromission pour les travailleurs. : le poète entre la tentation et le recueillement. Mais n’est –il pas aussi ce criminel, ami du soir, qui s’adonne au vin et qui va lui aussi à la tombée de l nuit, se promener dans la ville pour y dépeindre ses tableaux parisiens ?

 

B/ deux registres opposés: registre fantastique et registre pathétique, atmosphère gothique ou réaliste, façon de peindre figurative ( les malades dans l’hôpital) ou plus abstraite, impressionniste ( les lueurs de la ville), suggérée.

 

C/ deux types de discours différents : moraliste ou intimidant, descriptif ou argumentatif.

 

 

Conclusion :

=> Insister sur la duplicité du poème, qui oscille entre attraction et répulsion, univers moral et monde immoral

=> Ouvrir sur un autre poème des Fleurs du Mal, par exemple le « Le Balcon », les thèmes de la beauté du soir, et de la chaleur du foyer sont réunis, dans une atmosphère plus idyllique et sentimentale :

Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux! que ton coeur m'était bon!
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illumines par l'ardeur du charbon.[1]




[1] Pour les fleurs du Mal en ligne, consulter : http://hypo.ge.ch/athena/baudelaire/baud_fm.html#XCV

 

 

Séance 1 : lecture analytique de « Villes » de Rimbaud

 

 

OBJECTIF : percevoir l’image de la ville moderne qui émerge dans le poème.

 

INTRODUCTION : - Dans le recueil Illuminations, Rimbaud a présenté 3 poèmes ayant pour thème la

Ville : Ville, Villes I et Villes II, ces poèmes ne se suivent pas directement mais font partie d’un

ensemble cohérent : « Ouvriers », « Les Ponts », « Ville », « Ornières », « Villes I », « Vagabond »,

« Villes II ». On repère également de nombreux chiasmes entre les deux poèmes « Villes » et des effets

d’écho.

 

-Le XIXème siècle est celui du remodelage des grandes villes (à Paris, les boulevards

d’Haussmann) et de l’expulsion des couches sociales les plus basses à la périphérie, on voit

alors se dessiner les contours de la ville moderne avec ses merveilles mais aussi ses

abominations…

 

-Rimbaud, en poète de la modernité, s’est intéressé à l’apparition de ce nouveau paysage urbain,

ce « Villes II » étant avant tout une critique de la vision idéaliste et harmonieuse apparue dans

« Villes I »

 

Quelle image de la ville et de l’homme modernes propose ce poème ?

 

Tout d’abord, nous allons montrer que la ville est montrée comme un espace où règne gigantisme et

structuration puis nous verrons également que ces villes sont des espaces de théâtre pour enfin nous

interroger sur la place de l’homme dans ce paysage urbain sous le signe de la démesure.

 

I / Des espaces gigantesques et structurés

 

A/ l’énormité et la démesure

 

-L’usage du pluriel : « Villes », « des bâtisses », « « toutes les merveilles classiques », « des

expositions », « des locaux », « les escaliers des ministères », « des bâtiments », en squares,

cours et terrasses, les parcs, …. . pluralité des espaces, surnombre, tout est multiplié et en

même temps indéfini, indéfinissable.

 

-Gigantisme : expressions qui montrent la démesure : « les plus colossales » (superlatif ), « un

goût d’énormité singulier », « vingt fois plus vastes », « l’aspect de colosses », « quinze mille

pieds de diamètre environ »,

 

-Nabuchodonosor : roi biblique qui détruisit Jérusalem, roi de la démesure.

 

 


 

-« outre » veut dire exagère : exagération par la taille, par la forme, par les matériaux, par les

couleurs, les textures : ciel immuablement gris (excès), éclat est « impérial », la neige est

« éternelle ».

 

-« J’ai cru pouvoir juger la profondeur de la ville ! » : impossibilité à mesurer, à quantifier,

(exclamation).

-Luxe et matériaux modernes.

 

B/ L’incohérence

 

-Mélange des cultures et des influences : «Nabuchodonosor norvégien » : Orient et Occident,

riche de l’Orient antique et de l’Europe nordique moderne. Hampton-Court : Londres

(occident), Brahmas : Inde (Orient), Sainte-Chapelle : Paris (Occident), Nababs : Inde (Orient),

Londres (Occident), roupie (Orient), Paris (Occident) et enfin « le Comté qui remplit l’Occident

éternel », alternance de références orientales et occidentales, tous les peuples se retrouvent,

colonisés et colonisateurs : incohérence de la ville moderne.

 

-Mélange entre passé et modernité : barbarie moderne contre merveilles classiques. Candélabres,

circus.

 

C/ Une structuration spécifique

 

-Chaque espace est prévu, construit à une fin : squares, cours terrasses fermées, parcs pour

représenter la nature.

-La description est organisée de la ville haute au faubourg, de la ville riche à la ville pauvre :

acropole (cité haute), haut quartier (bras de mer, pont…).

-Des passerelles, des plates-formes, des escaliers qui mènent aux halles, le quartier commerçant

 

(point de jonction entre ville haute et ville basse.

-Le faubourg tourné vers la campagne : basses classes.

-Dans cette incohérence et apparente désorganisation, les espaces sont bien définis et clos,

 

hiérarchisés en hauteur et en richesse.

 

II/ Des espaces théâtraux et artificiels

 

A/ Un espace scénique

 

Que cherche le poète promeneur, que découvre-t-il ?

-Alors qu’il cherche des théâtres, des temples… lieu de cohésion publique dans l’ancienne cité

grecque, ici il découvre des cafés, des commerces : « A l’idée de chercher des théâtres sur ce

circus, je me réponds que les boutiques doivent contenir des drames assez sombres », « le

quartier commerçant est un circus » ; autre forme de théâtre, les boutiques, cafés sont de

nouveaux espaces scéniques où se jouent des représentations.

-La ville devient théâtre : éclairage : candélabres géants, de la lumière qu’on a créée, car avec la

hauteur des immeubles : le jour est « mat » et le ciel « immuablement gris » donc l’homme doit

recréer un espace artificiel où il pourra vivre.

-Les bâtiments apparaissent comme un décor d’apparat : « un bras de mer, sans bateaux ».

 

B/ Un espace artificiel

 

-La ville n’est pas naturelle, elle tente d’imiter la nature : « Les parcs représentent la nature

primitive travaillée par un art superbe », c’est l’homme qui transforme les éléments pour

prouver sa grandeur, sa maîtrise.

 

-La lumière du jour ne suffit pas : l’homme crée sa propre lumière : « lumière qu’on a créée ».

 

-Les matériaux utilisés révèlent l’artifice : « armature d’acier artistique », « des passerelles de

cuivre », « diligence de diamants », « velours rouge ».

 

III/ La place de l’homme dans les villes modernes

 

A/ Une ville stratifiée

 

-Hiérarchisation de la ville en fonction du niveau social par couches et zones

-Stratagème d’exclusion à la périphérie

-Les hommes dans les hauts quartiers :

-Les hommes dans les bas quartiers

-Les hommes dans les faubourgs

 

 

B/ La place du poète

 

-il se perd

-il n’a pas sa place

-il est un observateur privilégié

-il reste seul