Objet d’ETUDE : Le personnage de roman
Œuvre intégrale étudiée : Vendredi ou les limbes du pacifique de Michel Tournier Problématique : En quoi le romancier montre-t-il clairement dans cette oeuvre un personnage en évolution ?
Textes faisant l’objet d’une lecture analytique :
L’épisode de la souille, p 38 « C’est alors qu’une statue de limon »-> »vers le centre de l’île »
Le log book
La période esclavagiste, p 148 « Vendredi a appris assez d’anglais....-> »service
dominical », p 151
Fantaisies de Vendredi, p 158 « Vendredi lança sur le sol »->|p 161 « le déposer
aux pieds de Vendredi »
Invasion de l’île, p 237 « En attendant, le dialogue avec Hunter »...-> « soulevant
une pierre »p 238
Thèmes abordés :
- Solitude, identité, altérité : de l’apprentissage de la solitude à la découverte de l’altérité : les rapports entre Robinson et Vendredi
- En quoi le romancier a- t-il réussi à romancer ses idées philosophiques ?
- Le log book et la réflexion sur le langage
- Quelle est l’influence de la psychanalyse dans le roman ?
- Le personnage et la nature : conquête ou fusion ?
- Le personnage et son corps : du puritanisme á l’acceptation du corps
- Un roman d’initiation : les étapes physiques et morales du personnage
- Perceptions du temps dans le Roman
- Actions dans le roman : du productivisme à l’art
- La mise en abyme métaphorique de la préface
Lecture analytique 1
L’épisode de la souille p 40 : « c’est alors qu’uns statue de limon s’anima à son tour…dans la bousculade du présent » et « à l’un des sabords pratiqués dans l’encorbellement…=>à reculons » et « ce fut aux premières heures de l’aube » jusqu’à vers le centre le l’île », p 45
Problématique : ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
I. Cause de la déchéance.
1. Solitude : les autres comme soutien/ ne peut ici imiter que les bêtes : cela signifie que le rapport à autrui n’est fait alors que pour soutenir une ivresse, que l’homme seul ne vaut rien, il doit faire l’expérience de la solitude pour alors comprendre que son être doit être plus solide.
2. Echec de l’évasion + démission face au monde extérieur ( tuer le bouc, ne pas vouloir connaître l’île)
3. Choc psychique qui le pousse à se replier, et rechercher un liquide amniotique le plus immédiat : sa propre déjection.( il y aura par la suite d’autres figurations de l’île mère, tout aussi incestueuses, mais celle-ci est la plus fruste) : « sa faiblesse, la douceur des sables et des vases de l’île, mais surtout la rupture de quelque petit ressort de son âme faisaient qu’il ne se déplaçait plus qu’en se traînant sur le ventre. »
II. Les symptômes de la déchéance :
1. Rapport au temps :
A. la fixation sur le passé lointain
B. le rejet du présent, qui n’est plus que source de souvenirs pour l’avenir
C. immobilisation vers l’éternité.
2. Une esthétique de la confusion :
- animal/ végétal ; Animal/humain ; Prédominance de l’élément liquide, indéterminé : et aussi le rêve ( cf. bachelard : l’eau et les rêveries de la volonté) : la pensée n’est pas déterminée.
- L’effacement des perceptions : l’ouie, L’assourdissement : feutré ( tous les sens sont rejetés) l’odorat, « émanations délétères des eaux croupissantes »… » qui « lui obscurcissaient l’esprit » : lien entre la perception et le jugement, la vue, loin du soleil, c’est une sorte d’enfer, le toucher : « ses mains devenues des moignons ne lui servaient plus qu’à marcher » « il ne craignait plus l’ardeur du soleil car une croûte d’excréments séchés couvrait son dos, ses flancs, ses cuisses. »
3. Le thème classique de la déchéance
· Absence de dignité , d’action, de volonté : « rêverie hébétée des bribes de souvenirs qui, remontant de son passé, dansaient au cil dans l’entrelacs des feuilles immobiles »( contraste avec la pensée du log book, démiurge et réflexive)
· Les déjections, excréments
· Le thème de la pesanteur : glisse à terre, pris de vertige, pas de force pour tenir seul sur ses jambes
· L’éloignement du soleil
III. Un texte mouvant : une signification évolutive
· Un jeu subtil de focalisations de la fausse foc interne, à la foc externe à la foc interne : on superpose seult progressivement la souille et notre personnage :=> effet de surprise., puis une analyse progressive, p 44 de l’hallucination : , p 45 » ainsi il ne pouvai douter que ce navire d’un autre siècle fut le produit d’une imagination insane. »
· Progression de l’interprétation : vers la profondeur : on passe d’une thématique de la souille bien nette, d’une description extérieure à une analyse de plus en plus intérieure et profonde. Ainsi, on arrive à quelque chose d’assez humain : la temporalité, l’épaisseur temporelle, le souvenir d’enfance et la mort, comme qqch qui enveloppe, lien entre sensualité, épaisseur, mort, régression.
D’autre part, l’extrême souille a pour pendant l’opium de l’extrême luxe, l’extrême civilisation, cette skize provoquant comme une démence. rejet de la mer : « cette plaine métallique
· c. la leçon de cette double expérience : le travail
Cette part d’humanité chez Robinson lui garantit une évolution, ceci permet aussi de poser le pb de la solitude et de commencer l’étape initiatique, en effet, cela va le pousser vers l’action ensuite, car il aura peur de se laisser aller à la souille.
· Accès à un principe de réalité : « l’île était derrière lui, pleine de promesses limitées et de leçons austères »
· Se lance dans l’exploration de l’île . tournant le dos au grand large, vers le centre de l’Ile : changement complet de direction.
Cet épisode servira de repoussoir. Il établira même une charte pour se punir de prison quand il va à la souille, pour repousser cela ,il sera aussi amené à mettre un ordre extrême dans son travail.
Lecture analytique 2 :
Michel Tournier,Vendredi Log Book : « Chaque homme a sa pente funeste …et me faire accepter par elle. », ed. folio, pp 50-51
Citation |
Analyse |
interprétation |
Chaque jour |
répétition |
Exercice éreintant de régularité |
Bible=> source de sagesse qui parle en moi |
Commence comme un parallélisme de construction mais après variation |
De la parole d’autrui à la voix propre : apprentissage de l’autonomie de pensée qui assure une évolution |
Pieusement .. en moi Esprit saint/ en nous |
Oxymore : moi vs pieusement |
Le moi est divinisé, et rendu à sa plus grande respectabilité |
Chaque homme a… |
Présent de vérité générale |
Réflexion sur soi et sur l’humanité : accession à al sagesse par l’écriture |
… sa pente funeste |
métaphore |
Présence du danger, de mort, de déchéance, annonce de la reprise |
C’est là que me chasse Spéranza |
Nom propre de femme donné au lieu, personnification |
R. commence à se situer dans l’île, à dialoguer et personnaliser l’île ; commence à abolir sa volonté pour laisser parler la volonté de la nature |
Contre / ordre / désordre/ imposer |
Antithèses, mots du conflit, du défi |
L’harmonie n’est pas encore installée, mêle si dialogue |
Effrayé/ découvre |
Légère antithèse : le bénéfique est reçu de façon négative |
L’aspect difficile de l’initiation |
Vice / vertu |
Redéfinition des mots |
Attitude philosophique |
Excès, opulence, débordement ostentatoire vs renoncement, abandon, résignation |
Inversion des connotations, de l’hyperbolique au privatif |
R. prend confiance en lui, ce n’est pas un vice que de vouloir cet excès l’énergie, la confiance en soi, la maîtrise des choses |
Vertu=> virtus |
Figures étymologiques |
Retour de la répression chrétienne à la confiance antique |
Humilité, effacement, abnégation |
Rythme ternaire, définition péjorative de la vertu chrétienne |
Attitude paradoxale, puritain pour sortir de la souille mais soucieux de ne pas s’infliger trop de poids avec le puritanisme protestant |
Le fonds d’un certains christianisme ets le refus radical de la nature et des choses |
|
Cf interview de Tournier : le christianisme est le refus du corps et du sexe. |
Je ne triompherai de la déchéance |
Syllogisme : le refus angélique de la nature conduit à la souille, donc, il faut accepter la nature pour ne pas déchoir. |
But : le christianisme par son refus du corps, de la nature, nous renvoie à l’état de bête ( cf Pascal : » qui veut faire l’ange fait la bête », à al souille, donc il faut accepter l’île et sn corps, bref la nature pour ne pas déchoir |
Qui a failli causer ma perte |
Analyse de sa propre destinée, analyse du passé |
- Capacité à inverser son destin - Menace de mort qui pèse toujours sur l’homme isolé
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Source de sagesse qui parle en moi, comme en chaque homme |
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Patiemment et sans relâche/ il faut/ je ne … que |
Vocabulaire de l’ordre personnel |
Débouchera en outre sur la charte, un excès de discipline et de désorganisation que ruinera vendredi pour le faire accéder à une sagesse supérieure. |
En quoi ce texte montre-t-il que le personnage est encours d’auto- initiation ?
I. Fonction du journal intime dans le roman
a. Le principe du log book
Ecrire seulement pour soi, écrire sur sa vie, mais de façon philosophique, cf le projetd e Tournier, faire passer clandestinement ses vues philo, projet de vendredi de maontenir son projet de parole.
b. Analepse et prolespe
Le livre est construit par étapes et par conséquent, le texte sert ici de transition,
c. De la parole vers l’action
Plus que se s’analyser, le texte sert ici à R. à se motiver et à se reprendre en main après un passage à vide. De la description à la prescription : De la descrtiption : phrase symétriques, attributives : « la souille est ma défaite , mon vice », « un pas en arrière, un pas vers la souilles, « qui montre aussi l’intimidation, les ordre qu’il s’intime à lui –même : le ryhtmes stables, binaires, parallélismes de construction/=> Grande présence de la volonté
II. Un journal initiatique : Vers une pensée autonome
A.Un nouveau regard sur les choses
sur la culture chrétienne
sur la culture antique
B. sur les mots vice et vertu
C . Une nouvelle construction de soi : vers l’autonomie de la pensée :
- Le passage à une écoute et à la communication non plus livresque :
- Une fidélité au texte, mais dans le contexte de sa vie sur l’île ( s’organiser et apprivoiser l’île
- Soi comme centre de pensée : être à l’écoute de sa propre sagesse.
III. Une réappropriation de son destin :
- De la parole : choix du présent de vérité générale, réflexion sur soi et sur l’humanité, et dirigée vers l’action par els « il faut… »
- De sa vie sur l’île : Contre la survie : prise de conscience de l’activité comme moyen de se réaliser et de l’adapter à l’île : « survivre, c’est mourir » : accession au statu de l’humanité qui n’est pas seulement se nourrir et rester en vie, mais recréer par le langage et la volonté un monde à sn image, R. apparait en outre légèrement comme hubris par son côté démiurge, à commence r par les mots
- Mais un destin inquiétant parce que le texte donne l’impression qu’il n’a pas droit l’erreur.
Vendredi ou les Limbes du Pacifique, texte 3 : Robinson colonialiste :
« Vendredi a appris assez d’anglais pour comprendre les ordres de Robinson … »p 157 jusqu’à « … qui agrémente la partie résidentielle de l’île », p 160
Pourquoi ce texte présente-t-il une mauvaise image de Robinson ? quelle relations s’instaurent entre Robinson et Vendredi ?
En intro : les étapes de Robinson, arrivée d’un groupe d’Araucans sur l’île, Vendredi s’échappe d’un sacrifice, le log book raciste et colonialiste : changement de ton : Tournier s’offre une page d’écriture anti-colonialiste.
I. Parodie du comportement colonialiste
- a. le dirigisme des horaires et des rituels ( le banc pour les femmes, les cérémonies du dimanche, inspection de l’île, la livrée de laquais, les pièces de monnaie=> instauration d’une théâtralité.)
- B. la surexploitation ( accumulations d’actions, hyperactivité +parallélismes de construction)
- C. la religion ( accumulations, ironie, ridiculisation des histoires) : description en focalisation interne ( la religion est présentée de façon bizarre par V.)
II. Une régression dans le parcours de Robinson
- a. retour au statut du colon prétentieux et borné : une fausse maitrise de la situation : il fait semblant d’être supérieur, de représenter la civilisation alors qu’il s’en était passablement éloigné : par la voie tellurique( exploration de la grotte chap. V),par la voie végétale ( sexe avec la terre, chap VI) : les GN le désignant changent, le ton n’avait jamais été aussi traditionnel, solennel : « le gouverneur », « l’homme blanc »,
b. retour archaïque, automatique à la civilisation vidée de son sens :
- Force vendredi à accomplir ses actions vides de sens
C. retour à l’interdépendance : R. s’invente une dépendance qu’il n’avait pas auparavant.- le maître devient dépendant de l’esclave : par les actions, et aussi parce qu’il veut son assentiment du point de vue religieux. => réintroduction du thème de l’argent : qui recrée cette dépendance : alors que V. ne l’éprouve pas.
D. explication du traumatisme : l’intrusion du groupe des Araucans, pour la seconde fois, violence qui avait déjà la première fois provoqué un dirigisme dictatorial ( cf . la forteresse et la « Charte ») chez Robinson qui avait vu son équilibre et son insularité menacés. Et aussi, explication de la soumission de vendredi, ayant échappé à la mort grâce à l’homme blanc, il lui a donné son âme.
III. Vendredi , un personnage sympathique qui porte le futur de Robinson
- Une docilité mécanique (apparait comme un dédoublement du maître, ses actions complémentent les siennes) : les deux personnages ne se fuient pas, sont en contact, se complètent ( plus loin, V. apprend aussi des choses à R.)
- Une impossible soumission de l’âme : La liberté par le rire (répétition du mot) : qui inverse le rapport de force comme le montrent les mots « éclate » , « redoutable », « gifle retentissante »
- Un mode de vie diamétralement opposé à celui du maître (fumer, se promener, dormir)
ð Conclusion : un autre regard sur Robinson, la venue de l’autre le rend plus mauvais qu’il n’apparaissait dans son loog book, le personnage romanesque a d’autant plus de facettes qu’il a d’étapes, de cycles dans son initiation
Vendredi ou les limbes du Pacifique : texte 4 : Chap 8, de « Vendredi lança sur le sol le coffre » à « une figure géométrique simple et pure
I. Un moment nouveau :
a. Contexte : l’ordre suspendu
- Robinson est parti, a disparu de l’île
- les activités quotidiennes sont suspendues
- Focalisation sur l’action de vendredi plus propre que l’autre personnage à faire des actions imprévisibles
b. les étapes du texte :
- les cactus déguisés
-promenade heureuse
-les cailloux dans la main.
c. la suite du texte :
- suspension de l’ordre, relation avec la terre, perte de la récolte de riz, adaptation progressive de R à V., fin du chapitre, explosion de la grotte.
II. Une autre façon d’écrire :
- Rôle prépondérant accordé à l’observation : étala, rassembla, tourna
- Attention accordée à des cactus, et des mots bizarres : esthétique du disparate : « c’était une étrange société de mannequins végétaux composés de candélabres, de boules, de raquettes, de membres contournés, de queues velues, de têtes crépues, d’étoiles piquantes, de mains aux mille doigts venimeux » : esthétique du polymorphe.
- Un autre type de réécriture : Apparition du style conte de fée, ( cendrillon, caverne d’Ali Baba) ensuite soumis à la réécriture, qui n’était pas du tout présent avant
- Un autre regard sur les choses : ceci nous prouve que vendredi considère l’île comme un ensemble de possibilités qui ne sont pas mortifères ou décevantes comme elle pouvait l’être pour R. ou comme R. pouvait l’être : « il était ivre de jeunesse et de disponibilités dans ce milieu sans limites où tous les mouvements étaient possibles, ou rien n’arrêtait le regard »=> l’ile devient une utopie heureuse.
III. Symbolisme de l’action
- le thème du coffre ouvert : de la transgression (cf Barbe bleue )
- « Eclat » / « gêne »=inversion de la connotation des mots et des choses
- => motif du mélange végétal/ animal ( association d’éléments disparates : décoration du coffre et végétal)
- => motif du décoratif, de la créativité, de la générosité
- => l’ouverture sur l’espace : la disponibilité : hommage rendu à l’pile décoré&e et aussi à all créativité de V.
- Suite de cette action : les arbres à l’envers, la communication par jeu de rôles ou inversion.