Téléfilm de Marcel Bluwal, à regarder absolument! https://www.youtube.com/watch?v=RbDGdlcLJLU

scène du Commandeur dans le film Amadeus https://www.youtube.com/watch?v=yOw1NLizCZA

Dans le film de Joseph Losey https://www.youtube.com/watch?v=CIH65pn45H8

l'air du Catalogue, par Leporello, dans le film de Joseph Losey https://www.youtube.com/watch?v=tu5mbjbpGas

 

 

 

 

 

 

Mises en scène de Dom Juan

 

 

 

 

 

Nous allons nous concentrer sur la représentation du surnaturel mais les questions surgies l’autre jour nous rappellent qu’on pourrait aussi s’interroger sur la représentation de la scène des paysannes par exemple.

 

 

 

I.               Molière, 1665

 

 

 

Comment savoir quels choix avait fait Molière pour la création de Dom Juan ? Il y a la commande qui nous révèle beaucoup sur les décors, et il y a un document précieux : le frontispice (illustration de la page de titre) de la première édition [projeter]. Bien sûr ce n’est pas un dessin d’actualité, mais on a des raisons de penser qu’il s’agit tout de même d’un reflet du spectacle, ne serait-ce que parce que Sganarelle a les traits de Molière.

 

L’image représente la fin de l’acte IV. A gauche Dom Juan reconnaissable à ses habits, très calme. A droite, Sganarelle terrorisé se protège de la main. Au centre la statue, habillée en costume romain (cf. III, 5, p. 112). Elle est de la même taille que les deux personnages, on voit ses pieds : manifestement il s’agissait d’un acteur, éventuellement maquillé comme les mimes que l’on voit encore aujourd’hui dans la rue… Il est aussi possible, le Commandeur arborant la fine barbe des représentations traditionnelles du Christ, et se tenant à la verticale, au centre de la composition, aligné avec le plat principal servi sur la table, que le graveur ait malicieusement parodié les représentations de la Cène.

 

 

 

II.             Louis Jouvet, 1947

 

 

 

Première photographie [projeter] : Sganarelle (à gauche) et Dom Juan (Jouvet, à droite) entourent la statue du Commandeur. C’est la même scène que précédemment. Le Commandeur, toujours à taille humaine, est fiché sur un petit piédestal, et sa présence est manifestement révélée en tirant un rideau. Il n’est donc pas ici complètement animé, ne semble pas se déplacer de façon autonome. Je suis bien incapable de vous dire si c’est un comédien ou une statue avec un mécanisme, mais il est d’évidence peu mobile.

 

Deuxième photographie [projeter] : Ce sont les derniers instants de la pièce, extrêmement macabres. Sganarelle se retrouve seul devant le tombeau. Quatre squelettes en tenues de religieuses rappellent le spectre de la scène précédente. Le tombeau lui-même est sculpté et représente un squelette en train de soulever la pierre tombale. C’est un souvenir des représentations macabres (vanités) de l’époque baroque, exemplairement du Tombeau d’Alexandre VII, une des dernières oeuvres du Bernin (1672-1678) [projeter] Cette apparition inquiétante et grotesque brise la solennité symétrique de la composition. La méditation se joint à l’humour dans un esprit proche de l’époque de Molière.

 

 

 

III.           Marcel Bluwal, 1965

 

 

 

Deux images d’un téléfilm qui a marqué les esprits. Je vous présente d’abord le spectre [projeter], interprété par une jeune femme au visage en lame de couteau, rendu étrange par l’épilation des sourcils. Le squelette du Temps s’y superposait par un effet de fondu enchaîné. Ensuite la Statue du Commandeur au troisième acte [projeter]. Massive, monumentale, d’une exécution assez primitive, elle se rendait chez Dom Juan grâce aux effets spéciaux cinématographiques, sans perdre le moins du monde de sa raideur. Face à un Dom Juan mantelé de cuir elle était à la fois impressionnante, et une figure du passé.

 

 

 

IV.          Jacques Lassalle, 1993-2002

 

 

 

Dans cette mise en scène [projeter] la Statue du Commandeur est placée en haut d’un escalier, dont la diagonale est soulignée par l’éclairage, représentant en quelque sorte l’œil de Dieu. Ainsi le rôle d’ange exterminateur de la Statue est souligné. Elle est interprétée par un mime, cependant que la voix préenregistrée du Commandeur résonnait dans tout le théâtre.

 

 

 

V.            Daniel Mesguich,

 

 

 

Il s’agit ici de la scène de la damnation. Vous voyez le résultat. Dom Juan a bel et bien disparu dans un feu de Bengale… et dans son lit, sous le regard sidéré des autres personnages rassemblés. L’effet spécial était compliqué d’un tour de prestidigitation puisqu’on voyait Dom Juan s’enrouler dans ses couvertures avant de disparaître dans les flammes. C’est bien l’hédonisme de Dom Juan qui est scandaleux pour le metteur en scène Daniel Mesguich. A noter deux trouvailles : le Pauvre est un être qui semble fait de boue et de bois, un peu fantastique lui aussi, qui traverse la scène en diagonale, la posture et le regard fixe. La Statue était figuré par un monument représentant trois jeunes filles. D’autres statues apparaissaient dans les premiers actes, en tant qu’objet d’art, de sorte que le public s’habituait à leur présence : stupeur quand les trois jeunes filles (trois mimes) s’animaient.

 

 

 

liens pour l'histoire du théâtre :http://www.atatheatre.com/Historique.htm#COMEDIA

Les mise sen scène de Dom juan

Acte II. Film de Marcel Bluwal :

 

-          Interprétation du personnage : Dom Juan est-il réellement sous le charme de la paysanne ou ne veut-il que se livrer au plaisir de tromper une innocente ?

 

-          Il s’appuie sur son avantage social pour séduire.

 

-          Il ne fait d’efforts de vocabulaire et semble se répéter : il est expéditif et peu respectueux.

 

-          Bluwal enlève l’aspect comique et caricatural pour ne garder que la dimension sérieuse, provocatrice et révoltante.

 

-          Il cite souvent le Ciel comme pour provoquer dieu

 

-          L’aspect comique ou réaliste de l’apparence et du langage paysan est ici évincé, alros que dans la mise en scène de jacques Lassalle, les paysannes sont plus ridicules ( cf leur accent)

 

Jacques Lassalle : dans la scène entre charlotte et Mathurine, il accentue l’aspect sensuel et invraisemblable et retire l’ambiance grotesque de commedia dell’arte.

 

Thème du théâtre : dans l’acte II.

 

Les habits ( sc 1), l’apparence, sc.2

 

Le double jeu de don Juan : le trompeur masqué.

 

Dissertation : «  La comédie n’est-elle qu’un pur divertissement ? »

 

Au brouillon ; écrire les comédies déjà lues.

Feydeau Vaudeville.

Beckett : en attendant Godot : Absurde : pas d’enjeu majeur, conversations qui tombent à plat, actions qui tournent en rond. XXe

Tartuffe : A la fin de l’acte V,  l’attachement au roi, à la religion honnête sont consolidés en même temps que la haine des faux-dévots et des imposteurs, par conséquent la comédie a une fonction morale, satirique, et elle fédère la société autour de valeurs communes. Comme dans la tragédie : où l’on enseigne le respect des dieux et de la morale.

Cibles de la critique chez Molière :

1.       Les aristocrates : (Georges Dandin, le Bourgeois gentilhomme) : critique de la société aristocrate car elle parasite les bons bourgeois, comme dandin qui a fait un mariage avec une noble qui le méprise et ne désire que son argent. Ceci est révélateur des frictions entre deux classes sociales, l’une en déclin mais encore orgueilleuse l’autre en pleine ascension.

2.       Les médecins : ils sont des imposteurs, ils jouent le rôle de savants mais ne savent pas grand-chose, ils prennent l’argent d’Argan, l’hypocondriaque naïf ; Thomas Diafoirus, en plus, est pédant ( il fait son compliment appris par cœur à Angélique, et n’est pas dérangé de se marier avec elle-même contre son gré)(Le malade imaginaire)

3.       Les faux dévots : Autre type de parasite : ils se servent de la religion pour contrôler des consciences et détourner l’argent. (Tartuffe, Dom juan)

Musset : Lorenzaccio : pièce Romantique historique qui raconte le meurtre du duc de Florence, ( pendant la Renaissance italienne) un tyran, par son cousin Lorenzo de Médicis : là est posé le problème de l’utilité du meurtre en politique, comme on le trouvera dans la pièce de Camus : les Justes, ou de Sartre :les mains sales.

Comédie politique : Ubu Roi : de façon comique, on critique le despotisme cupide et dangereux d’un tyran de pacotille, le roi Ubu.

Marivaux :

Le jeu de l’amour et du hasard

L’île des esclaves

Beaumarchais : le mariage de Figaro.

Sujet de dissertation sur la comédie :

«  La comédie n’est-elle qu’un pur divertissement ? »

Analyse du sujet : ne que : négation restrictive qui entraîne forcément des exceptions : sous entendu : la comédie ne sert pas qu’à cela.

Annonce de plan : Si la comédie a pour fonction de divertir( I), il reste qu’elle a aussi d’autres finalités(II).

Pour trouver les idées du I : divertir, deux moyens, soit creuser le sens du mot et en trouver plusieurs significations, qui pourrait constituer des sous parties, soit varier les exemples.

-          Se divertir = se changer les idées, s’amuser, se reposer.  

Divertissement : loisir, spectacle (le malade imaginaire : intermèdes de ballet et de chant = aspect de divertissement), relaxation, prendre les choses à la légère, dédramatiser, ce qui permettra ensuite de lutter dans la détente et l’ingéniosité ( comme Martine dans le Tartuffe) contre les manies tyranniques d’un chef de famille.

 

Contexte historique : au XVII, siècle du classicisme : les écrivains se donnent pour but de plaire et d’instruire : placere ( plaire) et docere( instruire) movere (  émouvoir)

 

I . la comédie comme divertissement.

a.       Les ballets et chants

b.      Dédramatiser les défauts qui nous font souffrir dans la vie courante en les caricaturant.

c.       Dédramatiser en imaginant une fin heureuse

Annonce du I ( pour cela, il faut reprendre la question initiale : «  la comédie n’est-elle qu’un pur divertissement ? », car chaque partie est une façon différente de répondre à cette question et seulement à cette question . Utiliser un alinéa et un mot de liaison)

               Tout d’abord, le divertissement est une fonction de la comédie.

( puis annoncer le a.) : En premier lieu, on trouve parfois des ballets et des chants, dans des intermèdes de comédie. Il divertissent au sens étymologique ( di-vertere, détourner)  car ils détournent l’attention de l’intrigue principale. Mais il permettent aussi au spectateur de se livrer à la contemplation ( l’étymologie du théâtre est théa : l’action de regarder) des costumes, des chorégraphies, ou aussi au plaisir d’entendre des chants. Dans le malade imaginaire, on assiste à un chant d’amour entre deux jeunes premiers, sous couvert d’une leçon de chant, dans le Bourgeois gentilhomme, c’est la scène du Mamamouchi, qui clôt la pièce de façon exotique. On voit bien que le spectacle total permet au spectateur de se divertir.

Annonce du b. ( ne pas sauter de ligne entre le a et le b)

 

D’autre part,

Mais les auteurs ont une façon de divertir. Le divertissement consiste aussi à dédramatiser les défauts en les caricaturant.

 

 

,nous pouvons remarquer que la comédie nous aide à identifier les défauts humains ; comme celui de l’orgueil,  autrement dit il nous invite à démasquer les prétentieux. Molière critique l’orgueil des aristocrates dans Georges Dandin et Dom Juan. Ainsi, Madame Dandin traite son mari comme un valet et un inférieur, et celui-ci est très triste, et regrette de ne s’être pas «  marié en bonne t franche paysannerie » : la caricature permet au lecteur d’identifier les grandes lignes d’une personnalité, et de voir une structure de la société, comme au rayon X : elle a pour fonction, de faire comme une loupe, un gros plan sur les défauts que l’on ne voit pas toujours dans la vie courante. Pour Dom juan, il méprise le bourgeois auquel il doit de l’argent ne le remboursant jamais, il séduit cyniquement des paysannes en leur faisant miroiter l’ascension sociale par le mariage, il ne respecte pas son père en profitant des richesses et des appuis familiaux pour rattraper ses déportements. Or, La comédie met en scène des actions où leur comportement est facilement identifiable, et puni, elle encourage ainsi les spectateurs à se défendre contre les personnes ayant de tels défauts.

b.      critique de l’ignorance :

Mais les auteurs de théâtre critiquent aussi l’ignorance humaine. Ainsi Molière démasque-t-il à la fois les médecins, qui croient tout savoir mais qui se trompent dans leurs diagnostiques et leurs prescriptions, et les malades, ou faux malades, qui croient toutes ces balivernes. L’ignorance entraîne aussi des croyances aveugles : ainsi dans Tartuffe, Orgon croit aveuglément à toutes les prescriptions de Tartuffe alors que celui-ci n’est qu’un imposteur, un parasite et un faux-dévot. Orgon à cause de sa naïveté met toute sa famille en péril jusqu’à risquer de perdre tous ses biens et d’être délogé de chez lui.

c. critique de l’hypocrisie

Tartuffe joue un véritable rôle, comme un acteur de théâtre : pour se faire passer pour un dévot, il prend bien soin de se montrer à l’église aux heures d’affluence, de se mettre à genoux et de prier comme un illuminé. Il montre à des gens de la maison qu’il utilise « la haire et la discipline » ( instruments de punition physique des péchés). Enfin, il fait croire à Orgon qu’il se désintéresse de l’argent.  

dissertation théâtre : le théâtre n'est-il qu'un pur divertissment ?

Plan dissert théâtre :

 

Le sujet

Au XIXe siècle, la mise en scène de théâtre était soumise à des limites techniques et morales, de sorte qu'Alfred de Musset, voulant se libérer de ces contraintes, a préféré écrire des pièces qui n'étaient destinées qu'à la lecture. Il les a réunies dans un recueil intitulé Théâtre dans un fauteuil. D'après votre propre expérience du théâtre et d'après ce que vous en avez étudié, estimez-vous que l'on apprécie davantage une pièce en la lisant ou en assistant à sa mise en scène au théâtre ?

 

 

 

Conseils

 

1 – Noter toutes ses connaissances sur un brouillon (5 minutes).

 

On ne peut aborder une telle dissertation sans avoir dans ses bagages un minimum (une dizaine environ) de pièces de théâtre que l'on peut exploiter. Au brouillon, commencez par noter en vrac tous les titres des pièces dont vous pourrez tirer des exemples pertinents. Cela donne des idées pour travailler le sujet. Il faut aussi noter des noms de personnages et ceux des metteurs en scène dont on se souvient, ainsi que des formes de représentation (commedia dell'arte...).

 

2 – Étudier le sujet et chercher une problématique (5-10 minutes).

 

Le sujet laisse entendre que la mise en scène d'une pièce – du moins au XIXe siècle – présentait des contraintes. On peut retenir ce mot et l'associer à son contraire : la liberté. Par la suite, il est question de notre propre expérience : vous venez de la "déballer" sur votre brouillon. Enfin, une question claire est posée, qui semble opposer deux manières d'appréhender le théâtre : en lisant une pièce ou en assistant à sa mise en scène au théâtre. Gardez cette idée à l'esprit et passez à l'étape suivante.

 

3 – Chercher des idées (15-20 minutes).

 

Par association, par schéma heuristique, par colonnes... Associez les idées trouvées avec un exemple que vous avez noté noté au brouillon. C'est de ce travail que doivent émerger la problématique et le plan.

 

4 – Construire un plan (5-10 minutes).

 

La dichotomie du sujet invite à présenter la dissertation selon un plan dialectique : point de vue A / point de vue non-A / synthèse. Mais on peut aussi apporter une variante : point de vue A / point de vue non-A / point de vue B. Cela dépend du degré de maîtrise du sujet, des connaissances et du temps qu'il reste une fois la question de corpus traitée ! Écrivez chaque partie de ce plan sur une feuille de brouillon à part, en commençant par formuler clairement l'idée directrice de chaque partie. Cette idée directrice doit contribuer précisément à résoudre une partie de la problématique.

 

Ensuite, notez l'intitulé des sous-parties qui constituent les arguments sur lesquels repose votre réflexion. Ajoutez un exemple à développer pour illustrer chaque sous-partie (et éventuellement un autre exemple juste cité pour renforcer l'argument).

 

Toujours au brouillon, au bas de la feuille de chaque partie (sauf la dernière !), notez une transition de trois ou quatre lignes. Puis rédigez complètement l'introduction et la conclusion pour ne plus avoir à y réfléchir quand il ne restera plus que 15 minutes avant la fin. Prévoir 30 à 40 minutes pour l'ensemble de ce travail de rédaction.

 

 

 

Le corrigé

 

Introduction

 

Issu d'un rite religieux lié au culte de Dionysos, le théâtre a quitté la sphère sacrée à la chute des civilisations antiques. Mais il a toujours gardé une dimension rituelle qui incite à considérer cet art avec un respect parfois disproportionné ou, au contraire, à le remettre en question par provocation ou par désir d'en faire ressortir l'intemporalité. Au XIXe siècle, les romantiques s'en sont emparés pour y exprimer leur quête d'absolu ; mais les contraintes techniques et morales de cette époque ont poussé Musset à imaginer des intrigues détachées des règles de forme et de bienséance.

 

Problématique : cette attitude de contournement d'Alfred de Musset, au nom de la liberté d'écriture, nous conduit à nous poser la question de la liberté d'interprétation d'une œuvre dramatique : quel accès à l'œuvre théâtrale nous offre la plus grande liberté d'interprétation de son sens ?

 

Présentation du plan : Nous verrons dans un premier temps que le face-à-face avec le texte permet de tisser avec l'œuvre un rapport intime et révélateur. Cependant, force est de constater que le sens d'une pièce peut être enrichi par le jeu des comédiens ou l'interprétation d'un metteur en scène, ce que nous développerons dans un deuxième temps. Enfin, nous verrons que le théâtre ne doit pas être limité à la question de l'interprétation d'un texte, et que le langage théâtral peut dépasser nos attentes en matière de révélations.

 

I – Lire le théâtre

 

Accéder à une œuvre théâtrale par la lecture de son texte nous garantit de façon évidente la jouissance intime de son contenu et la liberté de son interprétation.

 

A – Le théâtre, c'est d'abord un texte, une œuvre poétique ou polémique, qu'il s'agisse de Jean Racine, de Bertolt Brecht ou de Bernard-Marie Koltès. La lecture permet de s'approprier le texte. Livre en main, on peut en prendre possession par des relectures, des retours en arrière, des notes personnelles...

 

Exemple : Dans la solitude des champs de coton de Koltès, une pièce de théâtre composée de longs monologues dépourvus de ponctuation, qui ouvre un espace nouveau dans notre imaginaire.

 

B – La lecture permet aussi d'imaginer les personnages, les espaces dans lesquels ils évoluent, ainsi que l'intensité de leurs actions et réactions. On peut concevoir tout cela à partir de sa propre expérience, de ses propres désirs.
Exemples :
les pièces antiques ou celles de Shakespeare ; les scènes d'amour ou de meurtre.

 

C – Lire une pièce de théâtre, c'est aussi avoir accès aux didascalies, dont on connaît l'importance dans le théâtre du XXe siècle.
Exemple :
l'importance des indications de "Silence" dans Fin de partie de Samuel Beckett.

 

Transition : Mais ces incursions de l'auteur dans notre appréhension du texte se substituent-elles pleinement à la réalisation scénique de l'œuvre dramatique ? Dans ce cas, pourquoi Beckett lui-même a-t-il tenu à faire représenter ses textes sur une scène de théâtre ?

 

II – La force de la représentation

 

Nous allons rappeler dans cette deuxième partie que l'essence même du théâtre est de toucher le destinataire par le moyen d'une représentation scénique. Cf. Molière : "Les comédies ne sont faites que pour être jouées."

 

A – Les individualités qui constituent le public, si elles partagent le temps et l'espace de la représentation, n'en demeurent pas moins libres dans leurs émotions et leur perception de l'œuvre.
Exemple : les critiques des pièces sont rarement unanimes. Une sortie scolaire au théâtre fait aussi ressortir la liberté d'interprétation du spectateur. Autre exemple littéraire : Hernani de Victor Hugo et la fameuse "bataille" que cette pièce a engendrée.

 

B – L'interprétation d'une œuvre dramatique apporte des éléments que nous n'aurions pas saisis en lisant la pièce. Les comédiens comme le metteur en scène donnent une dimension supplémentaire à l'œuvre.
Exemple :
faire référence à une pièce étudiée en cours et dont vous avez compris le sens en la voyant jouée sur scène, ou une pièce étudiée qui s'est avérée beaucoup plus drôle ou émouvante une fois qu'on l'a vue sur scène.

 

C – La représentation suppose un pacte avec le spectateur : il accepte de se soumettre à l'illusion en espérant accéder à la vérité. Cette illusion est créée par des êtres de chair, des décors dont on perçoit la matière, des voix dont le vibrato change à chaque représentation. La confrontation entre les mots d'un écrivain et leur manifestation physique apporte une dimension supplémentaire à notre perception intime de l'œuvre.

 

Exemple à tirer d'une expérience personnelle (en évitant toutefois la première personne).

 

Transition : Le théâtre, ce n'est donc pas seulement un texte, ni un bâtiment équipé d'une scène, c'est un moment de vérité qui s'exprime dans un langage protéiforme.

 

III – Texte et langage théâtral

 

Dans cette dernière partie, nous allons analyser comment le rapport entre le spectacle et le spectateur a évolué, et combien l'importance du texte est désormais relativisée par rapport à d'autres composantes de la création dramatique.

 

A – Apparition récente du metteur en scène dans le processus de création théâtrale ; depuis le XXe siècle, la mise en scène donne une dimension supplémentaire à l'œuvre, par le recours aux signes et aux symboles.
Exemples : les mises en scène de Patrice Chéreau, de Stéphane Braunschweig, d'Olivier Py, de Peter Brook, d'Ariane Mnouchkine...

 

B – Le théâtre peut exister sans le texte : le langage théâtral est fait de signes portés par la scénographie, le corps des acteurs, le choix d'un lieu.
Exemple :
le théâtre expérimental, la pantomime, le butoh, les mises en scène de Luk Perceval...

 

C – Le spectateur n'est pas seulement destinataire de l'œuvre dramatique, il en est, selon Vsevolod Meyerhold, le "quatrième créateur", après l'auteur, l'acteur et le metteur en scène.
Exemple :
toute expérience personnelle, le théâtre forum.

 

Conclusion

 

À l'origine, le théâtre avait une fonction cathartique. Or cet effet purificateur ne pouvait être déclenché que par la représentation scénique de l'œuvre. Contrairement à la poésie, qui s'interprète dans l'intimité d'une lecture, le théâtre suppose une communion avec un public. Si la lecture d'une pièce nous enrichit, son interprétation sur scène décuple cet apport dans le sens où elle nous invite à entrer dans un acte créateur, au même titre que le metteur en scène ou les comédiens. Par ailleurs, les contraintes techniques et morales étant aujourd'hui ignorées, nous avons la possibilité de voir les pièces de Musset, et de vivre cette alchimie singulière qui opère le temps d'une représentation. Ainsi, plus que dans toute autre forme artistique, notre intimité et notre imagination sont sollicitées, révélant par là même, au-delà de notre liberté, notre pouvoir d'interprétation.

 

 

 

Dissertation : théâtre

 

Gilles Aillaud affirme qu'il est des pièces qui ne sont pas à "représenter mais à lire". Vous réfléchirez sur ce propos en vous aidant du corpus mis à votre disposition, des œuvres que vous avez étudiées en classe et de votre expérience de spectateur.

 

Critères d'évaluation

 

- exploitation du corpus ;

 

- exploitation des lectures effectuées dans l'année et des analyses faites en classe ;

 

- exploitation de la culture théâtrale ;

 

- pertinence des arguments ;

 

- organisation du propos ;

 

- pertinence des exemples et qualité de leur exploitation ;

 

- expression et intégration des références.

 

 

 

Proposition de corrigé

 

Lire, c’est déchiffrer dans la linéarité, mais aussi et surtout mettre en relation, prendre le temps de s'arrêter pour s'interroger, pour analyser. Rôle très actif du lecteur qui intervient dans le texte, participe à son élaboration.Représenter, c’est présenter une nouvelle fois : le mot même souligne le phénomène derecréation, de transformation ; il renvoie de plus à un autre code, le code de l'image principalement qui peut venir redoubler le texte, le compléter, se superposer à lui, voire le nier. S’ajoute pour le spectateur l’impossibilité d'arrêter le temps : le théâtre peut alors être considérécomme un art "total" certes, mais aussi totalitaire.

 

On peut accepter aussi bien un plan dialectique, qu'une prise de position étayée.

 

 

 

Exemple de plan

 

 

 

I. Une position doublement paradoxale

 

1. Le théâtre se définit comme un texte à voir (cf. étymologie du mot, cf. le fait que les auteurs pensent leurs pièces en fonction d'acteurs précis, en fonction du lieu où la représentation aura lieu).

 

2. G. Aillaud formule une telle affirmation alors qu'il est lui-même chargé de la scénographie. Et pourtant, l'on peut justifier cette position.

 

II. Pourquoi privilégier la lecture du texte théâtral ?

 

1.Reprise de l'argument d'Aillaud : sa dimension poétique.

 

2.Mais, au delà, au nom de la liberté du lecteur :

 

- liberté de circuler dans l'œuvre,

 

- liberté de s'attarder sur le sens d'un mot d'une réplique, d'une tirade, liberté de "muser",

 

- liberté d'imaginer les éléments d'une représentation,

 

- liberté de refuser toute mise en image, toute actualisation du texte